Les Rock-n-Roll Farmers : Donnie et Joe Emerson

// 06/04/2015

Par La rédaction

Adulé par e.a par Ariel Pink, nous vous proposons un feedback sur l'album Dream Wild (sorti chez Light In the Attic) des frères Donnie et Joe Emerson et son storytelling à l'américaine.

C'est en 1979, dans un monde qui hésite entre le Punk et la Disco que sort "Dreamin Wild", l'unique album des frères Donnie et Joe Emerson. Ces deux adolescents vivent alors à Fruitland, un village de 790 habitants dans l'état de Washington, où leur père possède une ferme de 1500 acres. La famille mène une vie un peu isolée du reste du monde, n'ayant à la maison ni télévision ni radio. Ils ne se sont jamais aventurés non plus dans une grande ville et n' ont qu'une vague idée du monde extérieur.

Cette petite bulle éclate le jour où leur père achète un tracteur équipé d'un autoradio. C'est désormais au son de Marvin Gaye, Hall & Oats ou encore Smokie Robinson que ces deux musiciens en herbe accomplissent leurs longues heures de corvées à la ferme familiale. Ils ne tarderont pas à écrire leurs propres chansons.

Leur père, en totale admiration devant ses deux ados qui vont jusqu'à composer plusieurs titres dans la même journée, décide de tout mettre en oeuvre afin de faire apparaître au grand jour le talent de ses fils. Il investit 100 000 Dollars pour leur construire un studio d'enregistrement flambant neuf équipé d'une presse à vinyles et d'une mini salle de concert à côté de la ferme. Dés leurs tâches quotidiennes achevées, Donnie et Joe s'y enferment des nuits entières pour écrire et enregistrer des popsongs matinées de soul qui vont donner forme à l'album "Dreamin' Wild".

Le résultat est d'une fraîcheur et d'un charme désarmant. Les deux frères ont tout fait eux mêmes et cela s'entend. Le tempo est parfois hésitant, le mixage quelque peu approximatif et cela fait un bien fou car ce qui se dégage de ces 8 titres c'est une énergie et un enthousiasme à toute épreuve.


Une fois le vinyle pressé, la famille se retrouve avec un disque dont ils sont très fiers mais dont ils ne savent absolument pas quoi faire, tant pour le promouvoir que le vendre. Au final, la popularité de cette auto-production ne dépassera pas les portes de la petite ville de Fruitland et l'on n'en entendra plus parler pendant longtemps... très longtemps.

Il faut attendre l'année 2008, soit quasiment trente ans plus tard, pour que Jack Fleischer, un blogger spécialisé dans les auto-productions, en fasse l'acquisition pour 5 Dollars chez un antiquaire et le chronique sur son site. Dans les mois qui suivent, le disque devient culte. C'est désormais le Graal de nombreux collectionneurs qui vont jusqu'à contacter la famille Emerson afin de leur en acheter un exemplaire. Tout cela va mettre la puce à l'oreille de l'excellent label Light in the Attic qui a la bonne idée de le rééditer durant l' été 2012.

Entre temps, la ferme des Emerson est passée de 1500 à 60 acres. L' album aura été quelque peu fatal à l'exploitation. Cependant, les parents de Donnie et Joe n' ont jamais regretté leur investissement et sont encore là pour assister aujourd'hui à la reconnaissance du talent de leurs fistons. Une récolte bien tardive pour ces fermiers qui n'ont malgré tout jamais cessé d'y croire.

Article signé par Thierry, paru sur le site de la musique bibliothèque de Toulouse.

RETOUR

ARCHIVES

Avec le soutien de
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles service des musiques non classiques
Top