L’avantage avec Claire Diterzi c’est qu’elle creÌe en bousculant la musique. Et comme forceÌment elle a de la voix et d’avantage, il fallait bien qu’un jour elle retourne le monde de la musique. C’est le cas de 69 B.P.M., projet total hors norme et sans preÌceÌdent dont l’onde de choc se reÌpercute de l’infiniment petit son aÌ€ sa grande theÌaÌ‚tralisation: pour quoi et pour qui joue-t-on ? A quoi sert un disque aujourd’hui? Qu’est-ce que l’essence de la musique ? EntieÌ€rement produit par l’auteur qui vole deÌsormais de ses propres ailes, ce nouveau projet (et surtout pas seulement album) libeÌ€re la juste mesure d’une eÌnergie deÌvastatrice. Peu apreÌ€s les souffrances sublimes d’une femme casseÌe (Le salon des refuseÌes, 2013), l’heure est au coup de poing : je suis une femme qui a des couilles et je viens tout peÌter. C’est comme un deuxieÌ€me round de combat aÌ€ la motivation vengeresse - rien de moins qu’un retour aux sources pour cette punk de naissance. ! Dans un environnement sonore neuf (et composeÌ en grande partie sur les textes endiableÌs du dramaturge argentin Rodrigo Garcia), plus rock que pop et plus pop que rock, mineÌ de tubes explosifs, on retrouve le cÅ“ur battant de la chanteuse mais en plus fort, plus loin : ça cogne, ça claque, ça tonne, ça hurle, ça pulse, ça groove (ça pleure et ça se calme aussi parce qu’il faut bien vivre, mais ça ne reÌ‚ve plus d’amour). A la teÌ‚te d’un groupe de rock monteÌ expreÌ€s pour l’occasion, elle y apparaiÌ‚t comme on la reÌ‚ve : insaisissable, plurielle, aÌ€ la fois femme enfant et femme fatale, deÌglinguant l’acadeÌmisme aÌ€ coup de bottes au cul, geÌniale et controÌ‚lant le deÌtail, cherchant sa note dans l’angle, sans dieu ni maiÌ‚tre, imposant sa propre loi d’un son eÌloquent et contenu, entre la Gibson et le UkuleÌleÌ. TreÌ€s geÌneÌreuse, donc. Forte et tendre. EpureÌe et remonteÌe aÌ€ bloc - fallait pas la chercher. !
En 2014, la compositrice tient un journal de bord envoyeÌ chaque mois ou presque aux directeurs de theÌaÌ‚tre. Sobrement intituleÌ Â« Journal d’une creÌation », il constitue la matrice du projet : elle y expose ses textes, dessins, collages et photo-montages personnels, souvenirs qui se reÌpondent, correspondent entre eux afin que « les gens comprennent ce qu’(elle) raconte dans (ses) chansons ». L’eÌcriture fournit une partition de l’œuvre en cours : les chansons sont visuelles, penseÌes en fonction de leur place en salle, imagineÌes selon les reÌactions qu’elles produiront sur sceÌ€ne. 69 B.P.M. est en train de naiÌ‚tre. La musique ne se suffit plus aÌ€ elle-meÌ‚me. L’art s’y veut total : theÌaÌ‚tral, litteÌraire, visuel, sonore, cineÌmatographique aussi puisque toutes les chansons auront un clip, et tous les clips seront diffuseÌs en 2015. LaÌ€ encore une reÌvolution est en marche : l’album existera, mais en dernier. La deÌmateÌrialisation du disque a commenceÌ en vue d’un surinvestissement sceÌnique. Retour de la musique aÌ€ sa source : physique, humaine, vivante. Pour deÌcouvrir le son, pas d’autre moyen que de venir au concert. ! S’agit-il vraiment d’un concert, alors ? Oui, mais sur plateau. Un concert sur un plateau de theÌaÌ‚tre. De la meÌ‚me manieÌ€re que Rodrigo Garcia est « un eÌcrivain de plateau » ou qu’il existe une danse, un theÌaÌ‚tre contemporains, Claire Diterzi travaille aÌ€ faire de la musique un art plastique qui n’existe que sur sceÌ€ne.
Elle se reÌ‚ve en chanteuse de chanson contemporaine, trop aÌ€ l’eÌtroit dans la statique maquette d’un disque. Non seulement sa musique est visuelle, mais visionnaire : elle implique une reÌelle participation de l’auditoire, comme si la « diva en eÌternel deÌveloppement », en nous faisant communier aÌ€ son Å“uvre sous quatre espeÌ€ces (journal, clips, spectacle et disque) nous invitait aÌ€ creÌer notre propre voyage sous un ciel impossible aÌ€ contenir. L’horizon n’est pas mort. Le temps des Grandes DeÌcouvertes revient et notre guitare-heÌroïne se tient debout aÌ€ la proue du navire. Patrice Pluyette.
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