BINGO FRENCH PUNK EXPLOITATION 1978-1981

// 24/05/2017

Par la rédaction

« Wam! Bam!

Mon chat, splatch Gît sur mon lit A bouffé sa langue En buvant dans mon whisky Quant à moi Peu dormi, vidé, brimé J’ai dû dormir dans la gouttière Où j’ai eu un flash

Hou ! Hou ! Hou ! Hou !

Ca plane pour moi Ca plane pour moi Ca plane pour moi moi moi moi moi Ca plane pour moi … »

Plastic Bertrand

La véritable grande escroquerie du rock and roll , c’est pas du côté des Pistols, enfin de Mac Laren et son film « The Great Rock and Roll Swindle » que vous la trouverez… c’est plutôt en Belgique qu’il faut la chercher, plus précisément chez Lou Deprijck et Yvan Lacomblez, deux bruxellois pur jus. Si leurs noms, là, tout de suite, ne vous disent rien, en revanche, il y a de fortes chances que vous vous soyez déjà trémoussés sur le hit interplanétaire dont ils sont les heureux (et depuis fortunés…) créateurs : “Ca plane pour moi”!

Ah si, en France, on avait bien eu « Les élucubrations » d’Antoine qui à sa manière avait été un tube gentiment transgressif… de mémoire de gaulois, on n’avait encore jamais connu un tel raz de marée. Mais là, on passe dans une autre catégorie ! “Ca plane pour moi” ? Morceau débile, interprète bidon… le canular déferle sur le monde et en quelques mois, c’est plus d’un million de 45 tours vendus rien qu’en France. Et ce qui est incroyable, c’est que ce hit va engendrer des reprises à la chaîne, pour devenir (quelle ironie!) un hymne punk universel : vous en pensez ce que vous voulez, mais c’est vraiment le hold up du siècle !

Un tel magot va susciter, bien entendu, des convoitises et créer pas mal de vocations chez nos compatriotes. La dérision qui est la marque de fabrique de ce titre va enfin créer la passerelle qui manquait entre le Punk originel, trop violent et crado, et le grand public qui va pouvoir y aller de son petit pogo du samedi soir. L’humour, une fois de plus, devient en France le subterfuge miracle pour s’imposer auprès d’un public apeuré car si l’on n’aime pas trop le rock and roll en France, on adore depuis toujours la gaudriole.

Une formule qui avait déjà fait ses preuves. On se souvient ainsi de l’arrivée du rock and roll en France (en 1957) grâce à Boris Vian, Henri Salvador et Michel Legrand. Leur fameux et gaguesque « Rock and Roll mops » posait déjà les bases de cette équation ( pour aller plus loin, consultez donc la compil Rock Rock Rock sortie sur Born Bad) : Blague + Rock and Roll + dérision = succès.

Les gros labels avaient bien essayé de produire des groupes punks en France, (Polydor, les plus audacieux, avait ainsi signé coup sur coup les Stinky Toys et les Guilty Razors) mais ce furent d’énormes échecs commerciaux qui finirent par refroidir toute la profession.

Mais devant l’énorme succès de Mister Bertrand, ces gros labels pensent avoir compris comment ça marche. Et très vite les éditeurs et les majors veulent toutes leur tube Punk. De Barclay à RCA en passant par Polydor, toutes se découvrent ainsi une passion pour le Punk et veulent leur « Ca plane pour moi » à elles.

Les directeurs artistiques des gros labels et les éditeurs convient ainsi à la curée tous leurs producteurs, compositeurs et auteurs aguerris : arrangements foutraques, paroles débiles et caricaturales, c’est la surenchère. Tout est bon pour être plus Punk que Punk et tant pis si on flirte en permanence avec le grotesque et le ridicule puisqu’on est là pour se marrer (et faire du pognon, bordel !)

S’ensuit une flopée de disques de Punk-novelty sans précédent. Même André Verchuren y va de sa reprise survoltée à l’accordéon de « Ca plane pour moi », c’est vous dire !

Evidemment, la plupart de ces canulars punks sont bien pourris, bien dégueulasses mais dans le lot, il faut bien le reconnaître, quelques titres tranchent. Sans renouer avec le succès de « Ca plane pour moi », certains titres sont parfois très inspirés voire (soyons Punk…) plus créatifs que les chansons qu’ils détournent et singent.

Alors comme dirait Pierô qui ouvre la compil : « Salut les mecs, vos guitares sont bien désaccordées, aujourd’hui on va faire du PUNK ! et en avant la machine infernale. Ein, Zwei, Drei quattro …»

Plus d'infos sur le site de Born Bad Records.

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