LAURA CAHEN est neÌe aÌ€ Nancy en octobre 1990, le 19 octobre pour eÌ‚tre preÌcis, d’une meÌ€re juive d’AlgeÌrie et d’un peÌ€re originaire d’Europe de l’est, juif lui aussi, tous deux psychiatres. Juive d’AlgeÌrie, c’est-aÌ€-dire avec des anceÌ‚tres espagnols, aÌ€ la lointaine eÌpoque d’Isabelle la Catholique, d’ouÌ€ les cheveux et les yeux noirs, d’un noir profond et lancinant, andalou, mystique, que LAURA CAHEN a puiseÌ aÌ€ la source de cette longue ligneÌe, avec en plus quelque chose de cette fameuse aÌ‚me slave preÌleveÌ peut-eÌ‚tre chez son peÌ€re, sa meÌlancolie.
Car le mot qui revient le plus souvent, dans les propos de LAURA CAHEN sur elle-meÌ‚me et sur son art, c’est le mot meÌlancolie, meÌlancolie palpable aÌ€ la premieÌ€re eÌcoute de n’importe laquelle de ses chansons, et communicative. Une belle meÌlancolie, de cette meÌlancolie qui rend heureux de l’eÌ‚tre, qui rend dense la personne qui l’eÌprouve et consciente d’eÌ‚tre en vie, avec pour permanent reÌconfort la penseÌe qui l’accompagne partout que le preÌsent est habiteÌ, qu’il contient des issues possibles et de radieuses promesses d’accomplissement, de reÌconciliation avec le monde et d’enchantement, de fuites dans de beaux au-delaÌ€ inconnus ouÌ€ l’on sera deÌlivreÌ de nos peines.
Les au-delaÌ€ reÌ‚veÌs que nous laissent entrevoir ses chansons sont les meÌ‚mes que ceux que font scintiller les immenses eÌtendues maritimes dans lesquels le regard se confond, le soir, quand on est triste et qu’on se sent deÌlaisseÌ, ou encore les sihouettes des oiseaux hauts qui s’eÌloignent dans le ciel jusqu’aÌ€ disparaiÌ‚tre.
Partir, se fuir, eÌcrire aÌ€ l’instinct, comme les surreÌalistes, automatiquement, et percevoir dans les appels que lui lancent les profondeurs de son eÌ‚tre l’intuition fugitive de qui elle est vraiment, au plus intime d’elle-meÌ‚me, voilaÌ€ sur quoi se fonde LAURA CAHEN pour avancer dans la vie, s’inventer, devenir l’artiste qu’elle a toujours eÌteÌ, depuis toute petite.
PremieÌ€res leçons de piano aÌ€ l’aÌ‚ge de quatre ans et de violon aÌ€ sept, mais elle eÌtait n’eÌtait pas speÌcialement assidue. C’est quand elle se met aÌ€ chanter, un peu plus tard, aÌ€ dix ans, qu’elle deÌcouvre pour de bon les vertus du piano, ideÌal pour l’accompagner dans ses premieÌ€res envoleÌes vocales. Son premier engouement musical : Aretha Franklyn. Ses parents eÌcoutent Souchon et les Beatles, Boby Lapointe, Bashung, dont elle ne gouÌ‚tera le geÌnie qu’apreÌ€s coup, une fois devenue grande. Depuis, elle a ajouteÌ aÌ€ son pantheÌon Portishead, Barbara, Feist et Lhasa de Sela. ApreÌ€s le lyceÌe, elle fait pendant un an une eÌcole de musique aÌ€ Nancy, aÌ€ la suite de quoi elle se lance en solo et sort bientoÌ‚t son premier EP, dont les chansons, enregistreÌes sous la houlette du reÌalisateur samy osta, ont eÌteÌ eÌcrites entre 2010 et aujourd’hui. LAURA CAHEN a eÌteÌ laureÌate du Fair et Inouïe du Printemps de Bourges en 2013, une anneÌe faste. Ces trois dernieÌ€res anneÌes, elle a donneÌ un peu plus de cent trente concerts en France et aÌ€ l’eÌtranger.
Elle se deÌcrit comme une eÌponge aÌ€ sentiments, se nourrissant de la vie des autres, de films et aussi de livres, qui peuvent connaiÌ‚tre d’amples reÌpercussions dans son monde inteÌrieur, si elle est eÌmue. Quand elle eÌcrit, elle part d’un mot ou d’une image et deÌroule le fil de ses sensations jusqu’aÌ€ eÌcrire un texte entier, dont aÌ€ la fin elle deÌcouvre stupeÌfaite qu’il parle avec netteteÌ de ce qu’elle est en train de vivre, et d’elle : ainsi, pas intellectuelle pour deux sous mais plutoÌ‚t sensi- tive, instinctive, inquieÌ€te et un peu animale, un animal inoffensif et un peu triste, LAURA CAHEN ne part jamais du sens mais y aboutit, dans la forme finale des chansons qu’elle a eÌcrite. Et cette forme finale est souvent puissante, elle vous emporte dans ses eÌlans comme si chacune eÌtait une promesse de libeÌration et qu’au bout, au bout de la chanson, au bout du voyage meÌlodique, visuel et vocal, au deÌnouement des sensations qu’elle sait creÌer, l’auditeur enivreÌ serait sauveÌ.
Quand elle chante, la voix de LAURA CAHEN est singulieÌ€re et attachante, avec une forte identiteÌ : elle s’arrondit par le fond, comme un reÌcipient clair, cristallin, se terminant en goutte, en ample goutte. Vous voyez ce que je veux dire ? Peut-eÌ‚tre pas. Alors disons une voix claire, aigüe et haute, avec en meÌ‚me temps une profondeur cuivreÌe qui apparaiÌ‚t au fond de certains mots, une dimension organique de fanfare, avec des cuivres, des trompettes, une grosse caisse, des cymbales, en plein air, sous un ciel de printemps. Il y a dans sa voix quelque chose de gracile qui se rappelle de Barbara in extremis et la convoque juste avant que le mot prononceÌ ne s’eÌvapore dans l’atmospheÌ€re sous l’arriveÌe du suivant. Il y a dans sa tessiture quelque chose de tout juste arriveÌ, de frais, de cru, mais avec dedans du treÌ€s ancien, des eÌchos d’opeÌrette, des reÌsurgences de transistor, de 78 tours, de gramophone ancestral, et c’est ce que j’aime, personnellement, dans la voix de LAURA CAHEN, qui finalement est aussi profonde et habiteÌe, venue de loin, que son vertigineux regard nocturne.
Claire meets James Nice at the Freakville offices to talk about his two labels and how...
Podcast mensuel reÌaliseÌ, programmeÌ et preÌsenteÌ par Benjamin...
Dans cet épisode de rentrée Soundtrack Of My Life, nous avons l’immense ...
La saga du rock belge qui se fume par les oreilles, programmée et racontée...
Dans le cadre de l'exposition "Le Grand Boom" (peintures, dessins, collages et...
On véhicule encore cette fausse idée que vivre de sa passion préserve...