Berntholer : fierté nationale indé

En 1983, un petit label belge indépendant appelé Blue Feather sort en toute discrétion un 45 tour, My Suitor, par Berntholer. My Suitor est exceptionnellement bien reçu en Europe, d'abord par le célèbre DJ de la BBC John Peel, et se vendra à plus de 10 000 copies. Deux autres morceaux - Lunacies et Emotions - sorti en Maxi à l'été 84 prouvent que le succès de "My Suitor" n'était pas un hasard. La pochette restait très succincte, au-delà du simple fait que le groupe mené par la chanteuse Drita Kotaji se composait de 3 autres musiciens. En fait, le groupe était totalement inconnu en dehors de Bruxelles, mais avait créé avec My Suitor l'une des chansons les plus mémorables de la décennie, et qui continue d'enchanter et de séduire comme aucune autre.

Un peu d'histoire. Berntholer est formé en octobre 1981 avec la chanteuse d'origine albanaise Drita Kotaji , Simon Rigot (guitare et saxophone), Manuel "Manu" Poutte (claviers), et Pol Fourmois (basse). Le nom est emprunté à une ligne parlé dans Attention Stockholm, le single de la chanteuse suédoise kitsch Virna Lindt. Les premiers morceaux sont influencés par la cold Wave de Cure ou le Punk baroque des Stranglers.

Le groupe enregistre son premier single en mai 1982, Japaneese Garden. Faute d'un batteur, le groupe utilise une Boss Dr55, et malgré son charme il révèle encore peu le potentiel du groupe. Le single est sorti sur le label ephémère Putovsky avec une pochette conçue par Joel Van Audenhaege. Une vidéo de « Japaneese Garden » est filmée en Juin 82. Au moment où le single a été enregistré le quatuor de base avait été rejoint par le guitariste irlandais expatriés Perry Rose. Il fait les backing vocals dans « Japaneese Garden » et la guitare dans « The Others » et quitte le groupe en Octobre 82. Plus tard il enregistrera son premier Maxi avec le bassiste de Berntholer Pol Fourmois.

Drita a écrit les paroles de My Suitor au début 1982 :.. «J’ ai créé la chanson dans ma chambre, et d'abord enregistré sur un petit magnétophone Pas de musique, juste la mélodie et les paroles que j'ai écrites très naturellement , à l'origine inspirée de « At Home » de Soft Verdict , que j'aimais écouter à cette époque. Les choses sont parfois étrange, parce que deux ans plus tard, j’ai eu la chance de travailler avec Wim Mertens (Soft Verdict). Simon a immédiatement adoré My Suitor et a joué une ligne de clavier.

En Mars 1983 notre ami Gilbert Lederman, alors étudiant-son à l’IAD , nous a demandé d’enregistrer une démo de My Suitor et Images pour son travail de fin d’étude . La bande a attiré l'oreille d'un publiciste bruxelleois. Convaincu du potentiel, il a organisé un enregistrement plus formel au Daylight Studio à Août 83. Simon a écrit et joué toutes les parties instrumentales , les violoncelles sur un Emulator, un Piano classique et un léger Synthé. La voix envoûtante de Drita a contribué à la mystique unique de la chanson. Sortie sur un autre petit label, Blue Feather à la fin de l'année, il est devenu un power play de l'émission John Peel sur BBC Radio 1, même si le single n’était pas disponible dans les magasins britanniques.John Peel l'a classé dans ton Top 50 de 1984 , seul groupe belge a avoir eu les honneurs de son célèbre "Festive 50" en 30 ans.

Le succès culte de My Suitor en Europe a coïncidé avec la fondation de Blanco Y Negro à Londres. Ce label était en fait une «super indie » de WEA géré par Geoff Travis (Rough Trade), Mike Alway (Cherry Red, el!) et Michel Duval (Les Disques du Crépuscule). La contribution de Duval à la nouvelle entreprise de la marque londonienne était Anna Domino, et Berntholer avec My Suitor et un coda ajoutée (Pardon Up Here) arrangés par le compositeur moderne belge Wim Mertens . En Juillet 1984 Berntholer enregistre une serie de demos (You Grabbed me , Kingdom Mine, Private Hotel) puis part en tournée dans le sud de la France, engage un batteur (Pierre Sorvil) en Septembre et quand Blanco sort le single en Octobre , le groupe est invité à se produire en direct à l’émission de télévision culte de Channel 4 « The Tube ». Suite à un malheureux empêchement le groupe ne peut pas honorer l’offre, et les relations avec le label tournent à l'aigre. Le manager belge qui les avait découvert disparait avec une avance de royalties d’Angleterre, et le groupe enregistre a ses frais en décembre 84 une ultime série de demos (Map your Eyes , Merry Lines in skies , A distance , Shape the rain). Sur ces ultimes enregistrements, Simon, Pol et Pierre tirent dans des directions progressives et jazz pas toujours suivies par Manu et Drita.

Le 30 Avril 1985, le groupe joue son dernier concert proprement dit au mythique club « Le Beau Bruxelles » qui a coïncidé avec un attentat terroriste des CCC (Rue des Sols) . A la fin du concert Drita quitte le groupe qui honorera un ultime contrat à Liège avec Nikki Mono (Snowy Red , Tuxedo Moon) en remplacement . Triste fin pour un groupe très prometteur.

Depuis lors, le culte autour de My Suitor n'a cessé de croître. En 1999, Studio-Brussel a même organisé un concours en faisant reprendre « My Suitor »par differents groupe, une version de drum n 'bass par Buscemi et une pop prise par Das Pop.

Après Berntholer, Drita a travaillé à divers projets avec Marie Delier, Hector Zazou et Harold Budd, entre autres. Depuis 1998, elle collabore avec Stephan Barbery dans le collectif « Ink » dont l’album est sorti en 2003 sur le label « Never know »

Après de nombreuses et disparates collaborations Simon joue depuis 2006 de l’orgue Hammond dans Kriminal Hammond Inferno et depuis 2009 des claviers et du Sitar indien dans The Narcotic Daffodils.

En 2015, Starman Records a sorti une compilation vinyle 12 titres reprenant l'essentiel de leurs rares enregistrements.

The Narcotic Daffodils : le lien Facebook du groupe de Simon Rigot.