C'était à De Casino, St Niklaas. Samedi 17/12/2016. Déjà .
Je crois que je deviens aveugle, c’est horrible. Non, mais sérieux, je ne rigole pas. C’est tragique. Quand j’enlève mes lunettes, je ne vois rien de loin et quand je les redépose sur mon superbe nez effilé, je ne distingue plus rien de près ! Je dois faire quoi moi ? Ces derniers temps, cela m’a occasionné de nombreux désagréments. Je m’entends encore lors d’un petit périple hivernal à la Mer du Nord : « Hooo ! Un cerf-volant sans ficelle ! ». Réponse cinglante de Didounette, ma petite nièce : « Mais non tonton, c’est un drone ! ».
Bref, cet inopiné état de cécité bipolaire est une torture de tous les instants. Là , en direct, au moment même où je vous parle. Sans mes doubles foyers, je peux plus ou moins tapoter le clavier, mais où est l’écran ? Et si j’inverse le casting, c’est le « keyboard » qui disparait du radar ! Dans ce brumeux cas de figure, je ne sais pas si j’ai plus besoin d’un opticien ou d’un informaticien finalement. Enfin, pour ce qui est d’un informaticien, c’est peine perdue. Car je suis au regret de vous dire que les informaticiens sont tous de fieffés incapables. Et misogynes de surcroît ! Ce n’est pas pour rien qu’ils rêvent tous de se faire embaucher à la silly conne valley. Vous voyez, je suis la preuve vivante que l’on peut être malvoyant et rester un indécrottable rigolo. Un exemple d’optimisme et de positivisme. Même si, parfois, dans certaines toilettes publiques, je frôle la dépression nerveuse en devant faire preuve d’un épuisant sens de la balistique. Afin de combiner ma vision périphérique (pour mes éventuels voisins de latrines) et ma vision locale (pour mon boxer Dim, taille médium). Un vrai challenge. Tiens, cela me fait penser à mon regretté papa. Un jour de fête patronale plus qu’arrosée, pris d’un besoin urgent, il avait frénétiquement dégainé sa cravate après s’être déboutonné le pantalon. Parfois, on rate sa cible de peu. Mais c’est une autre histoire.
Et le concert dans tout ça me direz-vous (oui, parce que là , je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet)?
Revoir (une gageure, vu mon handicap) a’;GRUMH en concert, c’est comme attendre la suite de Star Wars. Attention ! La vraie guerre des étoiles hein ! Avec les vrais personnages mythiques, « Han Tout Seul », « Luke Marcheur Du Ciel », et toute la clique. Pas les immondes ersatz en images de synthèse de l’infâme seconde trilogie. Enfin, vous me suivez plus ou moins oui ? Un peu de compassion, je suis infirme, rappelez-vous.
La première fois que j’ai entendu a’;GRUMH, c’était vers 1985, sur une cassette prêtée par un ami. Sur la dite cassette, un titre générique : « GRAVE ». Tout un programme. Au menu, une sorte de best of de la musique électronique anxiogène de l’époque : Fad Gadget, Cabaret Voltaire, Front 242, A Split Second, Skinny Puppy, etc.
Et … a’;GRUMH. J’avais adoré. Quand mon camarade est venu récupérer son bien, il m’a fait remarquer : « a’;GRUMH, tu as aimé ? Tu savais qu’ils étaient de Charleroi ? ». Non, je l’ignorais totalement. Cette révélation fut totalement magique pour le jeune mélomane qui sommeillait en moi. Savoir que des gars qui habitaient à trois rues de chez moi pouvaient faire une musique aussi bonne m’a complètement désinhibé.
Une remarque s’impose au sujet de ces mythiques années « 80’s » à la Belge. Une sorte de parenthèse enchantée. Une merveilleuse inversion de la norme. Le « rock » totalement alternatif et complètement barré était en train de prendre la place de la variété « mainstream ». Parade Ground passait dans les émissions de télé caritatives.
La Muerte et Front 242 sur MTV.
Des magazines musicaux étrangers (entre autres « Best » en France et le « NME » en Angleterre) s’extasiaient sur cette « vague belge » électronique dure, inquiétante, violente et diablement excitante à la fois. Avec en tête de peloton Front 242 (encore), The Neon Judgement et … a’;GRUMH.
Les médias suivaient, avec des émissions comme « Rox Box » et son génial présentateur Ray Cokes. Le genre de gars qui manque cruellement actuellement.
Je me rappelle d’un « Rox Box » spécial « bilan de l’année ». Cela devait être vers 1986 si ma mémoire ne défaille pas comme ma vue. C’était savoureux. Après avoir glorifié tous ces groupes cités plus haut, il avait, sans langue de bois, précisé qu’il était obligé de parler également de Pierre Rapsat et des Gangsters d’Amour. Parce que bon, c’était plus politiquement correct et, en résumé, la direction lui en imposait la promotion. Même si c’était un peu ringard ! Trente ans après, force est de constater que c’est Pierre Rapsat et ses multiples descendances qui ont gagné.
Exit donc « Rox Box ». Welcome « The Voice » et « The D6Bels Music Awards ». Je préfèrerais finalement plutôt être sourd qu’aveugle (cela n’engage que moi évidement et je vous assure ne rien avoir de personnel contre Pierre Rapsat, tout ceci est purement subjectif).
Mais revenons à nos moutons, si je puis dire. Pour quelqu’un qui a connu les concerts d’a’;GRUMH à leurs débuts, la superbe salle aseptisée du Casino de Sint Niklaas peut sembler incongrue. En effet, nos lascars avaient plus l’habitude de jouer dans les stations de métro ou les maisons de jeunes totalement destroy. Mais les années passent et on s’embourgeoise (moi le premier). En formule trio, soit les deux mythiques leaders fondateurs d’origine, Jacques (Seuqcaj J3) et Steve Natrix (Evets S3), ainsi qu’un guitariste (Stéphane Joke), ils ont plus qu’assuré le boulot. Moins de violence et d’extravagance qu’à la grande époque certes. Il faut se rappeler que dans les eighties, assister à un concert d’a’;GRUMH n’était pas de tout repos ni trop sécurisant: jet de pneus et de viande morte dans le public au programme. Ici, un light show sobre, des projections vidéos totalement enfants admis. Plus de scarifications à grands coups de tessons de bouteilles. Et ce n’est finalement pas plus mal. Il y a un temps pour tout.
Reste la musique. Je n’ai pas été déçu. Les tubes électro body music s’enchaînent parfaitement : New Fashion, Drama In The Subway (avec en invité spécial Jean Marc Lederman des « Weathermen »), No Way Out...
Egalement plébiscités, des titres plus incantatoires, voire carrément industriels, de leur premier album « Rebearth ». Jacques est toujours aussi habité dans ses interprétations, un vrai show man naturel. Et Steve (en très jolis bas résilles) assure l’ambiance et les petites vannes entre les morceaux. Le public danse et apprécie sincèrement. Un retour aux plaisirs simples.
Que demander de plus ? Merci les gars ! Je n’ai pas regretté le déplacement, et planté à deux mètres de la scène, je n’ai pas trop souffert de mes pauvres yeux.
A la prochaine … Ou pas !
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