Jeronimo : Mélodies Démolies (2008)

// 24/04/2015

Par Gilles Syenave

Humble et intègre

Jérôme Mardaga a bel et bien changé. Alors que « 12h33 » transpirait l’ambition, « Mélodies Démolies» est un disque humble et intègre. Les inévitables imperfections de ses morceaux, le Liégeois ne se contente pas les assumer. Il s’en fiche complètement. Il délaisse ici le chant parlé qui avait fait sa marque de fabrique et privilégie les mélodies pop. Ses chansons n’en demeurent pas moins immédiatement reconnaissables, notamment grâce aux textes, de petites histoires tellement personnelles qu’elles en deviennent universelles. Plus ancré que jamais dans ses racines, Jeronimo évoque la Belgique d’aujourd’hui sur « Le Nord, le Sud et le grand mur » et « Irons-nous voir Ostende ? », probablement la plus belle chanson qu’il n’ait jamais écrite. C’est en se mettant à nu qu’il devient le plus touchant.

Jeronimo a fait la paix

Jeronimo a enterré la hache de guerre. Le guerrier apache de la chanson belge semble enfin en paix avec lui-même sur « Mélodies Démolies ». Il nous en parle avec le recul.

Comment ça se passe l'enregistrement d'un nouvel album ?

C’est toujours un moment particulier, mais je me sens vraiment bien. La conception de l’album a été plus longue et beaucoup plus agréable que celle de « 12h33 », son prédécesseur. A l’époque, mon état d’esprit était à la lutte et à la révolte. Je suis beaucoup plus apaisé aujourd’hui.

Cet opus est fort différent du précédent. On dirait que tu as voulu faire quelque chose de plus intime.

J’avais envie de calme et de modestie, mais avant tout de liberté. J’en ai assez de calibrer mes chansons pour qu’elles passent à la radio. Je vise moins le succès qu’il y a trois ans. Depuis lors j’ai accompagné Marc Gardener sur scène. Adolescent, j’étais complètement fan de son groupe, Ride, qui a connu un énorme succès en Angleterre au début des années 90. Marc a ensuite vécu une longe traversée du désert mais à l’entendre, ce ne fut pas une période malheureuse. Pour lui, l’important n’est pas de vendre des albums par camions mais de prendre du plaisir à faire de la musique, d’être fier de ce qu’on fait. Ca m’a ouvert les yeux.


Le morceau « Le Nord, le Sud et le grand mur » évoque le climat politique de notre pays. C’est un sujet qui te tient à cœur ?

La situation est assez préoccupante et elle me touche, bien entendu. C’est un de mes morceaux préférés sur le disque. J’y travaille depuis longtemps. J’avais déjà la mélodie et quelques paroles en tête il y a longtemps. L’évolution des dernières années lui a donné encore plus d’importance. Je ne dirais pas que c’est une chanson engagée mais plutôt désengagée, puisque je me suis mis dans la peau de quelqu’un qui est lassé de ce climat et qui baisse les bras. Je crois que beaucoup de gens sont dans le cas. Tout cela est tellement surréaliste qu’on a envie de dire aux hommes politiques « démerdez-vous, de toute manière on ne vous fait plus confiance ».

Gilles Syenave

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