Il n’y a rien de mieux que Mauvais

// 18/04/2016

Par Gilles Syenave

Ne vous fiez pas aux apparences. Mauvais, ils ne le sont que de nom. Au contraire, ce duo qui fait de plus en plus parler de lui est plutôt bon, dans son genre. Et malin, avec ça, à l’image de leurs mélodies subtiles et de leurs textes doux-amers. Avec « Pour toi je peux devenir Gérard Depardieu », leur premier album, ces liégeois viennent tout simplement de signer un des plus jolis coups de ce début d’année.

Mauvais est né de la rencontre de Calogero Marotta et de Christophe Enclin, deux figures connues de la scène musicale liégeoise. Le premier a notamment joué au sein de Showstar et aux côtés de Marc Morgan et Benjamin Schoos, tandis que le deuxième était à la tête du projet pop Hank Harry. L’idée de démarrer un nouveau projet ensemble est née un petit peu par hasard, lors d’une soirée de playbacks « C’est Calogero qui en a parlé le premier », se souvient Christophe Enclin, qui chante pour l’occasion pour la toute première fois en français. « Il m’a dit qu’il avait composé quelques nouveaux morceaux et il a proposé de me les faire écouter. Il m’a ensuite envoyé une série de maquettes et m’a laissé choisir celles qui m’inspiraient des paroles. Nous nous sommes finalement retrouvés avec une dizaine de chansons que nous avons enregistrées en compagnie du batteur Patrick Schouters dans un studio du côté de Sprimont. Sur scène, nous sommes également rejoints par le guitariste Marc Van Den Broeck. »

Mélancolie joyeuse

Dès la première écoute, on s’aperçoit qu’on a affaire à des musiciens expérimentés. Tant au niveau des paroles que des musiques, le disque semble peaufiné, bien pensé, astucieux. Contrairement à ce que le nom du groupe aurait pu laisser craindre, Mauvais ne s’égare pas dans le second degré à tout crin, ni dans ce cynisme résigné qui mine un peu trop la chanson française d’aujourd’hui. Les notes d’humour et de romantisme sont ici parfaitement dosées, tout comme ces observations souvent très justes du petit cirque qui nous entoure. « Calogero et moi sommes aujourd’hui assez âgés pour savoir comment le monde fonctionne », observe Christophe. « Nous ne sommes ni aigris, ni naïfs, mais plutôt à cheval entre les deux. On ne broie pas du noir, mais nous sommes conscients qu’il y a des choses merveilleuses en chacun de nous et d’autres beaucoup plus moches. Nos chansons sont le reflet de cette dualité. Récemment, j’ai entendu l’expression ‘mélancolie joyeuse’. Je trouve qu’elle colle plutôt bien à notre univers. » Ce coup d’essai est un bien joli coup de maître. En l’espace de dix chansons, Mauvais nous promène parmi tous les sentiments de la vie.

Gilles Syenave

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