Je vous vois venir (parce que j’ai de bonnes oreilles) et surtout je vous entends déjà (parce que j’ai une bonne vue), petits lecteurs jaloux et envieux. « Evidemment, le Pchik, dès qu’il y a moyen de se pochetronner, il n’en rate pas une ». Détrompez-vous, médisants, pour paraphraser cette merveilleuse chanson populaire d’Alain Souchon : « Médisants, je sais bien que c’est pas vrai, médisants, si tu m’crois pas hé... »
Monsieur Pchik ne mange pas de ce sandwich-là ! Il navigue bien au-delà des eaux troubles et viciées de tous ces boit-sans-soif qui dénaturent de leurs vulgaires rots toute festivité musicale qui se respecte. Il fait son petit possible en tout cas. Et puis le nom de ces déjà mythiques soirées concerts carolorégiennes est très mal choisi.
Je m’explique. Peut-on raisonnablement parler d’apéro à dix heures du soir, soit approximativement vingt-deux heures? Quand ce n’est pas carrément onze heures du soir, soit approximativement...
Dans les deux cas, ce n’est plus l’heure de l’apéro, si?
Et même au niveau boisson, ça ne colle pas (aux semelles, oui). Ainsi je n’y ai jamais vu personne siroter un pastis en jouant à la pétanque. Non seulement ce serait trop dangereux mais de plus c’est l’onctueuse Blanche de Charleroi chère à mon Tovaritch Yvanovitch Doumonov (voir ma précédente bafouille) qui coule à flots là -bas.
Pour être tout à fait honnête et revenir trente secondes à l’art de la boule, je dois avouer qu’il m’arrive régulièrement d’y croiser, au détour des commodités (très bien décorées d’ailleurs), des petits cochonnets cherchant maladivement des camarades de jeu pour « pointer », « plomber » ou fermement « tirer ». Mais c’est une autre histoire et le Ricard a bien moins d’influence que la gent féminine (toujours très élégante au Rockerill) sur ces comportements interlopes au demeurant plutôt festifs.
En résumé, nous sommes donc loin d’un apéritif classique de type camping comme on peut se l’imaginer. Et quant à poursuivre dans l’approximation, que dire de l’appellation « indus » ? Sur ce coup, mes amis du Pays Noir se sont un peu emmêlé les crayons. Vu le nombre de commentaires du genre « Ha oui, les apéros indus du Rockerill, bof moi, j’aime pas trop la musique industrielle tu sais », cette bien involontaire bourde au générique devient évidente. Mais sachez, bande d’ignares, qu’il ne s’agit nullement d’une référence au style musical programmé (bien qu’on y passe de l’indus aussi, rassurez-vous). Non, voyez plutôt un hommage au lieu. En effet, le Rockerill se dresse fièrement sur l’ancien site des forges de la Providence de Marchienne-Au-Pont. Une ancienne usine quoi. Vous comprenez mieux la touche industrielle maintenant ?
Tiens en parlant de se dresser fièrement, cela me fait penser à ma dernière dispute conjugale avec Fella au sujet de « ZZ Top ». Je vous ai déjà parlé de Fella ? Cette bombe transalpine aux courbes incendiaires et au tempérament volcanique. Ses colères strombollesques limite etnatiques me rappellent que finalement je ne suis qu’un tout petit Haroun Tazieff désemparé. J’en brûle de plaisir.
Mais bon, revenons à « ZZ Top » (prononcez bien à l’américaine svp, sinon vous n’allez rien comprendre à la savoureuse chute de cette anecdote). Je faisais donc récemment part à Fella de mon plaisir total à décompresser après une longue journée de labeur grâce au trio barbu texan : « Tu vois ma douce, après le boulot, je me fais un bon petit ZZ Top, ça détend. ».
Sa lave n’a fait qu’un tour, j’ai bien cru m’y consumer. Je me suis perdu en explications confuses. « Mais non ma caille, je ne te trompe pas avec un homme, mais non ZZ Top, c’est de la musique tu vois, rien à voir avec un quelconque, comment dirais-je, gourdin en pleine forme ».
Nous nous sommes réconciliés sur l’oreiller. Je l’ai échappé belle. Faut faire attention à ce que l’on dit avec Fella.
Par esprit revanchard, lors de cette mise en saillie consentante, je lui ai refilé un staphylocoque doré. Jusqu’à présent, elle pense toujours qu’il s’agit d’une belle gourmette incrustée de brillants. Pourvu que ça dure.
Et le concert dans tout ça me direz-vous?
Et bien deux groupes pour le prix de zéro ! Car j’ai oublié de vous dire : les apéros indus du Rockerill c’est gratuit ! Qui dit mieux ? Alors d’abord : les Belges de « Gabbalovers ». Trois garçons et une fille au chant pour un « female » punk rock garage basique bien rentre dedans. Dans la veine des Ramones (ils nous balancent d’ailleurs une belle reprise de « Blitzkrieg Bop ») ou encore de Blondie des débuts (« Denis »).
Des musiciens avec de la bouteille mais qui se démènent comme de fringants ados. Très bon moment.
Ensuite les Teutons de Camera. Un trio instrumental dans le style krautrock, répétitif et hypnotique. Des gars rodés à se produire dans des lieux improbables, comme le métro berlinois. Trois morceaux de vingt minutes et le tour est joué.
Yvanovitch Doumonov (qui comme souvent m’accompagnait) me fera remarquer que le batteur (qui joue debout dans une position bien peu ergonomique) lui rappelait le petit garçon nain du légendaire film « Le Tambour » (« Die Blechtrommel », comme ils disent chez eux).
Et c’est vrai que le côté psychotique de ce gars me faisait penser à David Bennent, le vilain Oskar Matzerath qui ne voulait pas grandir.
Bien vu Ivanovitch. Au final, de nouveau une bien belle soirée comme le Rockerill nous en offre toujours, Alléluia.
A la prochaine … Ou pas !
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