Votre serviteur n’a pas peur des grands écarts géographiques. Jugez plutôt : après avoir foulé le sol praguois au prix de son intégrité physique lors d’un concert musclé d’Agnostic Front, le voilà cette fois à la découverte de la Wallonie namuroise profonde.
Le « Magick » porte bien son nom. Perdu au milieu de nulle part, cerné par un voisinage plus que réfractaire à la cause rock and rollesque, il faut en effet un petit coup de baguette magique pour pouvoir tenir le coup et assurer une programmation régulière d’artistes non subventionnés. C’est-à -dire ceux que vous ne verrez jamais jusqu’à l’overdose pendant un an dans tous les festivals de scouts et dont vous n’entendrez plus jamais parler après.
Mention spéciale à cette longue guirlande lumineuse qui serpente sur toute la scène. Cela donne un petit air de théâtre parisien. Bon maintenant, autant vous le dire franchement, je n’ai jamais foutu les pieds dans un théâtre parisien. Enfin si, il y a longtemps, mais j’étais petit. Et vous vous en fichez de toute façon. Enfin bref, cette tortueuse loupiote, c’est l’image que je me fais d’un théâtre parisien. Vous comprenez ? Un peu comme ces gourmands qui, déambulant dans les innombrables fumantes artères à pitas de nos belles cités, se font une idée préconçue des toilettes ottomanes. D’ailleurs, en passant, faites bien attention aux allergies. L’été prochain, le durum des foins sera particulièrement irritant paraît-il.
Mais ce qu’il y a de plus magique au « Magick », c’est sa localisation. Il est situé dans la rue de Dave. Non mais ! Ce n’est pas surnaturel ça ? A Jambes, il n’existe pas de place Brel ni d’avenue Adamo mais bien une rue pour Dave! C’est fou et ça nous en fait une belle, de jambe. Bon, je n’ai pas pensé à demander aux sympathiques tenanciers si, dans un élan incontrôlable de passion pour la musique populaire, ils avaient choisi de s’installer là en fonction de cette pittoresque appellation. Ou est-ce juste le destin, le hasard cosmique? Comme un ami mien habitant rue de la Vieille Cure du côté de Beaumont. Devinez un peu ce qu’il aime musicalement? Mmmm? Bin oui!
Mon camarade Yvanovitch Doumonov, qui m’accompagnait ce vendredi 26 septembre, me fit remarquer que nous aurions pu arrondir nos fins de mois à peu de frais. Juste en dévissant la plaque signalétique de la rue et en la revendant sur eBay à un fan décérébré de Depeche Mode. Après avoir, au préalable, ajouté au marqueur indélébile « Gahan » juste après Dave.
Quel filou cet Yvanovitch. Un fameux numéro. Ancien apparatchik soviétique sous l’ère de Youri Andropov, il avait réussi à se faire exclure du parti parce que jugé trop à gauche. Un comble! Le José Bové du goulag qu’on l’appelait. Il a fini par demander l’asile politique à la chute du Mur et depuis il écume les salles de concert tout en continuant de dénoncer la malbouffe. Mais sa dyslexie ainsi que sa connaissance approximative de la langue française le handicapent quelque peu dans ses actions commandos. Ainsi sa dernière attaque symbolique contre les petits fromages en tranches « Ziz » avait tourné au fiasco. Je l’entends encore : « Haaa tovaritch Pchik, ça pas problème pour chier faire chiens capitalistes du fromage. Moi rajouter un i sur tous emballages « Ziz » et après eux karacho ridicules et moi da da youpi content ». Le lendemain, la totalité du stock de « Ziz » de mon supermarché s’appelait : « Iziz ». Dommage, raté de peu Yvanovitch.
Et le concert dans tout ça, me direz-vous? Et bien mes amis (c’est une formule de style, car on ne se connait pas finalement), c’était très bien. Pour à peine dix kopecks, j’ai eu droit aux « Sex Pistols » et à « Siouxie And The Banshees ». Oui bon, pas les vrais évidemment. Mais quand même, de très bons ersatz.
La bande à Rotten était jouée par les Belges de « Panic », tandis que la Sioux était parfaitement réincarnée par les Italiens de « Next Step ». Par rapport aux originaux punkoïdes, les musiciens de « Panic » étaient plus propres, jouaient beaucoup mieux, bref étaient moins « destroy » que les « Pistols ». Mais pas grave, on a passé un très chouette moment.
Et ce n’est pas Yvon, mythique chanteur des « Slugs », qui me contredira. Il était tout sot sot fou fou de joie le Yvon. Quant à « Next Step », l’illusion était parfaite dans la recherche du look, du son et du jeu de scène. Vraiment bluffant. Alors vous me direz que tout ça n’est pas très créatif et que l’on joue surtout sur la corde nostalgique . Oui, mais tout le monde avait un grand sourire aux lèvres à la fin de la soirée. Donc, les soi-disant mélomanes pointus, je vous ennuie.
A la prochaine. Ou pas.
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