Monsieur Pchik a testé pour vous #11 : Supertramp

// 29/07/2015

Par Monsieur Pchik

En vacances en Moravie. Juillet 2015 …

Les délais étaient bien trop maigrichons entre ma dernière escapade « rock and rollesque » et mon bien mérité oisif départ en vacances. Je n’ai donc point eu le temps de me repaître de décibels. J’avais tant besoin de repos. J’aime ça moi : ne rien faire. Ou plutôt : ne rien faire en République Tchèque. Car je suis en quelque sorte tombé sous le charme de cette ex-entité bolchévique. Patrie de Skoda, de la goulache, de la blonde pression (et oui, petits alcooliques ignares. C’est à Pilzen, en Bohème, que l’on inventa la bien nommée Pils il y a près de 200 ans) et de l’alcool de prune capable de vous re-vitrifier Nagasaki et Tchernobyl à un prix très concurrentiel.


Je suis également très interloqué et attiré par la bien nommée révolution de velours qui scinda, en 1989, les républiques tchèques et slovaques en deux états indépendants. Sans se mettre sur la tronche, presque sans gueuler … Respect moi je dis. Notez que cela ne semble pas avoir annihilé les velléités de morcellement de certains nostalgiques du moyen-âge. Car si du temps de la Tchécoslovaquie, les « pauvres » slovaques se sentaient comme privés de dessert par rapport aux « riches » tchèques. Voilà t’y pas que maintenant, en Tchéquie même, on se la rejoue plus ou moins à l’identique entre « l’opulente » Bohême au nord et « l’infortunée » Moravie au sud. Débile non ? Sincèrement, et c’est un avis que je partage avec moi-même : les sécessions, c’est comme les thérapies de couple. On sait quand ça commence mais jamais quand et comment ça finit. A méditer chez nous non ? Bref, comme j’ai toujours eu un faible pour les « petits », j’ai décidé, cette année, de soigner mes pulsions touristiques chez les sudistes moraves. Et musicalement, c’est comment là-bas me direz-vous ? Si vous traduisez Moravie littéralement en anglais, ça peut paraître alléchant. Ainsi, cela donne en gros : « death for a life ». Pas mal non ? Merci à ma chère Isa Goldsalt de m’y avoir fait penser. On jurerait un titre de « Iron Maiden » !


Mais à l’autopsie, c’est quand même moins jouissif. Dans le champêtre petit village de « Babice » où j’avais élu domicile, vous avez droit à des musiques folkloriques tous les weekends. Balancées à fond la caisse par de gros hauts parleurs montés sur de grands piquets. La programmation de la radio locale est certes très dépaysante et exotique … Mais cela donne quand même la sensation d’un grand moment de solitude. Un sentiment que je n’avais plus connu depuis mes dernières tentatives humoristico-familiales. Quand lors d’un diner d’anniversaire, ma tante Graziella (c’est son nom), soit la femme de feu mon oncle, frère de feu mon grand-père, lui-même mari de feu ma grand-mère (vous remarquerez que nous sommes solidement enflammés dans la famille, je comprends mieux mon tempérament de braise) n’avait eu de cesse de complimenter la cuisson de son « maigret » de canard. Dans un élan rigolo et pensant lui faire gentiment remarquer sa petite erreur linguistique, je lui dis : « Hmmmm, tantine, c’est Simenon qui va être content ! ». Son visage se figea. Après un interminable silence, elle me répondit : « Mais pourquoi ? ». Ca, chers lecteurs, c’est un vrai grand et douloureux moment de solitude. Tout à fait comparable au vide intersidérale qui m’a envahi à l’écoute des farandoles, sans doute cultissimes pour l’indigène de mon village d’accueil, mais tellement aux antipodes de mon petit univers harmonique et réconfortant !!! Finalement, c’est grâce au déjeuner que j’ai évité de finir complétement neurasthénique musicalement. Pas le déjeuner que nous prenions religieusement avec mes amis et où mon humour fit de nouveau flop. Comme par exemple quand j’ai tenté d’expliquer que l’huile de palme contenue dans le Nutella était surtout dangereuse pour l’homme grenouille que l’on devait broyer pour en extraire le jus … Non, je veux plutôt parler du breakfast … Le « Breakfast in America » de Supertramp.


Heureusement que nous avions pris ce CD avec nous. Je m’en suis gavé. Il m’a sauvé la vie. Oui, j’aime Supertramp et je n’ai point honte. Je suis d’ailleurs assez nostalgique de cette époque bénie où l’on pouvait être affreusement barbu et ne pas se faire raser illico presto à Guantanámo ou chez Jeannine (ma nouvelle capillicultrice, elle a la main lourde. Notamment sur les rouflaquettes). Taxez-moi de gros ringard si vous voulez, je m’en fiche ! Il est génial cet album !


Point à la ligne. Et toutes les polkas du monde chères à « Radio Babice » ne lui arriveront jamais au petit orteil !


Breakfast in America ! Breakfast in Moravia ! Même combat !


A la prochaine … Ou pas !

Cz 29/07/2015

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