Mais qu’est-ce que j’apprends là ? Daft Punk, c’est fini ! En plus, on me balance l’info en plein télétravail. Pour tenter, au mieux, de décrire le malaise qui m’habite à l’annonce de cette terrible nouvelle, je vais mettre en pratique la sympathique technique de l’allégorie.
Petit rappel : une allégorie n’a absolument rien à voir avec un quelconque encouragement simien du genre : « Fonce King Kong, tu peux le faire gamin ! » Voyez-y plutôt une tentative de simplification d’une idée via une image (qui vaut souvent mieux qu’une dysenterie verbale, j’en sais quelque chose). 


Bref, cette précision faite, j’en reviens à ma métaphore. D’une main, saisissez un cheveu. N’importe quel tif venu, ça n’a pas d’importance. Même un bout de la mèche d’Yves Van Laethem fera l’affaire. De l’autre paluche, prenez une assiette de soupe. Idem, n’importe quel potage, bouillon, velouté. On s’en fout. Faites ensuite délicatement tomber le résidu capillaire dans votre minestrone. Bingo ! Vous voyez le tableau ? Vous la percevez l’allégorie ?
Et bien voilà , j’ai vécu ce psychodrame musical d’une manière aussi incongrue et déplacée qu’un cheveu dans la soupe.

Maintenant, pour être vraiment honnête, je ne sais pas trop si c’est le split de Daft Punk ou la politique de télétravail en général qui me semble le plus impertinent. M’obliger à bosser à la maison ! M’enfin, quelle idée saugrenue. Moi qui ai consacré ma misérable existence à transformer mon petit nid douillet, mon foyer, que dis-je, mon repaire, en un méga lupanar géant full options ! Et voilà qu’on m’y force à un stupide labeur administratif. Mais ce n’est pas ça que je veux faire à la casa moi ! D’une totale incongruité également non ?
Mais bon, je me rends bien compte que je commence à faire du hors-piste. Revenons sur la route. DAF POUNK … Je m’en contrefous en fait. Vraiment. Vous criez « au génie » ? Perso, je crie « au feu ».


Sérieusement, leur musak de supermarché aussi enivrante qu’un plat de nouilles froides à la cassonade m’a toujours, au minimum, indifféré. Et avec plus de persévérance, carrément brisé les boules. Quand certains (des millions de personnes, j’en conviens) ne peuvent s’empêcher de taper du pied en entendant une de leurs ritournelles, moi je me fais violence pour ne pas taper avec le pied. Cependant, je me dois d’admettre que ces deux couillons avaient de beaux costumes. Là -dessus, rien à redire. Le look robot cosmonaute, moi j’aime.
Cela me donne d’ailleurs l’occasion de vous parler de leurs précurseurs en matière de musique électronique passe-partout avec le déguisement qui va avec. J’ai nommé : le groupe SPACE.
Vers 1977, alors que le géniteur d’un des deux DAF POUNK mettait la main à la gluante pâte de la production du « D.I.S.C.O. » du sémillant duo Ottawan, un Monégasque du nom de Didier Marouani se lançait dans la musique électronique après avoir collaboré, entre autres, avec des artistes de variété comme Nicoletta. Le synthétiseur en est encore à ses balbutiements. Mais le gars y croit et il invente tout un concept visuel. Les membres de Space seront tous grimés en cosmonautes. Casques, combinaisons, la totale. 


Même si ils avaient finalement plus une dégaine d’hommes grenouilles motards, nul doute que cela ait contribué au succès du projet. Musicalement parlant, ça reste léger. Les meilleurs moments du premier album, « Magic Fly », évoquent Jean-Michel Jarre ou Cerrone, tandis que certaines compos flirtent un tantinet avec Kraftwerk ou les faces B instrumentales des débuts de Depeche Mode.
Au final, 12 millions d’albums écoulés quand même. 

Pour la petite histoire, Marouani composera, en 1979, le générique de la mythique émission des jumeaux Bogdanoff « Temps X ». On a frôlé de peu l’avènement d’un nouveau style, un raz-de-marée cosmique si j’ose dire. Car au même moment, un des claviéristes accompagnateurs de Jean-Michel Jarre, du nom de Dominique Perrier (ndlr, c’est lui qui joue les claviers sur le légendaire « Les Mots bleus » de Christophe), enfantait de son rejeton : « SPACE ART ». Bonjour le coup de génie marketing. Bon, « Space », c’est déjà pris, alors on va rajouter « Art », ça fera plus arty. Carambatchoum ! Trop tard pour les frusques de cosmonautes. Pas grave, nous on sera en complets costards amiante de pompiers Seveso. Ca va le faire coco. « Space Art » a également bien marché. Notamment avec le gros tube « Onyx ». Une musique plus froide et moins disco que celle de leur concurrent de Space tout court. Mais plus pompeuse.
Je me souviens de ceci au dos de la pochette du 45 tours « Speedway » : « Space Art, le premier groupe de musique électronique à vulgarisation scientifique ».
Et bin ! Comme quoi, ce n’est pas une blague : l’amiante, c’est pas bon pour la santé.


A la prochaine. Ou pas !
Claire meets James Nice at the Freakville offices to talk about his two labels and how...
Podcast mensuel reÌaliseÌ, programmeÌ et preÌsenteÌ par Benjamin...
Dans cet épisode de rentrée Soundtrack Of My Life, nous avons l’immense ...
La saga du rock belge qui se fume par les oreilles, programmée et racontée...
Dans le cadre de l'exposition "Le Grand Boom" (peintures, dessins, collages et...
On véhicule encore cette fausse idée que vivre de sa passion préserve...