Chez moi, hier, aujourd’hui et malheureusement demain.
Le public de Tomorrowland est vraiment un public facile. Peu exigeant finalement. Une amie mienne me faisait d’ailleurs remarquer, lors d’un reportage télévisuel au sujet de cette grande fiesta technoïde : « Regarde ! On dirait qu’on leur a tous greffé un smiley sur la tronche ».

C’est pas faux, de fait. Bon, vous me direz à juste titre qu’on n’allait quand même pas non plus filmer des festivaliers en pleine descente de vodka Red Bull se vomissant sur les baskets. On est d’accord. Faut rester complaisant. N’empêche, ce côté « tout le monde il est beau, tout le monde s’amuse », ou au moins fait semblant, au même moment (une grande leçon de synchronisation ceci dit) me gonfle un tantinet. Maintenant, je dois bien avouer que je les envie un peu ces night clubbers de prairie. Je jalouse leur « coolitude », feinte ou non. 


Ca doit être génial d’être cool, non ? D’être vraiment détaché. Totalement zen et imperméable aux inévitables saloperies de la vie. Parce que, sans vouloir plomber l’ambiance, on va tous mourir un jour hein, c’est sérieux. J’ai moi-même frôlé cet instant magique en pleine période de confinement Corovidus 91 figurez-vous ! Les restos étant fermés, je me rendais, comme à la soupe populaire, chez mon Chinois préféré pour quérir sa spécialité : le velouté de nid de chauve-souris sur canapé de pangolin. Un délice. Il n’y avait plus qu’à réchauffer le tout à feu doux à la maison. Je me sentais merveilleusement bien et détendu. Pour tenter de vous décrire au mieux mon état d’élévation spirituelle, je dirais que George Floyd m’indifférait autant que Léopold II. Vous saisissez mieux ? Et puis cela me faisait plaisir, tous ces gens masqués dans la file. Le simple fait de savoir qu’ils se grimaient de la sorte pour ME protéger, quel sentiment de puissance ! Malheureusement, le masque c’est bien, mais nettoyer correctement son t-shirt et son training c’est mieux. Pris d’une soudaine hygiénique panique, je me suis mis à hurler : « Mais vous allez me fourguer la gale bande de lépreux (l’un n’empêche pas l’autre) ». Pas cool hein ? Je ne serai donc jamais comme les hordes de fans de Tomorrowland. Je n’arriverai pas à claquer un mois de salaire (le mien en tout cas) pour m’extasier devant des couillons qui ne font rien ou si peu. 


Comment ? Les DJ, ils ne font rien ? Si Môssieur, ils passent de la musique mais ils ne la jouent pas. Nuance.
Je me souviens d’une interview de Marc Moulin (dans le magazine Télémoustique si ma mémoire tient la route) où il expliquait que l’expression « jouer de la musique », ça serait quand même sympa de la réserver aux musiciens et pas aux DJ. Venant d’un gars qui était loin d’être un réac passéiste comme moi, ça mérite réflexion. Et quitte à continuer dans l’anecdote historique, Norman Cook, soit Monsieur Fatboy Slim, un des messies adulés par Tomorrowland, avait eu une merveilleuse fulgurance d’humilité. Répondant à une journaliste lui demandant ce qui l’angoissait le plus avant de monter sur scène, il avait répondu ceci : « Une coupure de courant. Avant, quand j’étais musicien (ndlr, bassiste au sein des Housemartins), le stress était important. Mais là , en tant que DJ, qu’est-ce que je risque à part une panne d’électricité ? ». Malheureusement, Norman Cook fait un peu exception dans cette constellation de parvenus au melon énorme. 


Bref, clairement, je ne gouterai jamais à l’extatique orgasme de Tomorrowland. Et encore moins cette année. Les gentils organisateurs ont en effet misé sur une édition virtuelle… mais malgré tout payante. Grandiose. Vous achetez votre « place » et vous obtenez les codes internet pour groover à la maison devant voter écran plat, votre tablette, votre ordi. Je suppose que les pontes de Tomorrowland sont un peu dans la muise, comme mon cabaretier attitré. Et que malgré les plantureux bénéfices des éditions précédentes, ils ne peuvent pas offrir un téléchargement gratuit à leurs cochons payeurs de fans. Peut-être. Ou alors c’est un gigantesque foutage de gueule.
Enfin, tant qu’on s’amuse, c’est le principal.
Personnellement (et si vous ne l’avez toujours pas compris, alors vraiment, c’est moi qui n’y comprend plus rien) s’il n’y avait pas de demain à Tomorrowland, ça ne nuirait pas à mes aspirations de « coolitude ».
A la prochaine… Ou pas ! Et surtout bonnes vacances.
Claire meets James Nice at the Freakville offices to talk about his two labels and how...
Podcast mensuel reÌaliseÌ, programmeÌ et preÌsenteÌ par Benjamin...
Dans cet épisode de rentrée Soundtrack Of My Life, nous avons l’immense ...
La saga du rock belge qui se fume par les oreilles, programmée et racontée...
Dans le cadre de l'exposition "Le Grand Boom" (peintures, dessins, collages et...
On véhicule encore cette fausse idée que vivre de sa passion préserve...