Forest National, Bruxelles, ce samedi 24/01/2015. Rien qu’à l’évocation de ce lieu, c’est la boîte à souvenirs qui s’ouvre.
J’en ai vu et entendu dans cette salle pleine de courants d’air et à la réverbération digne d’une cathédrale néo-gothique. Pêle-mêle et dans le désordre : Michel Sardou (deux fois, pour faire plaisir à ma mère), The Night Of The Proms (encore pour combler ma génitrice), Carmina Burana (toujours pour chérir « moman » même si je l’aime bien aussi cette Carmina. Elle chante bien, dommage qu’elle n’ait qu’un seul tube finalement), The Cure (pour faire plaisir à bibi), Depeche Mode (deux fois !) Et j’en passe.
Qu’est-ce que vous en dites bande d’incultes matricides ? Que mon attachement ombilical n’a d’égal que mon éclectisme musical ? Oui peut-être mais enfin, c’est un détail finalement.
Tiens, en parlant de Depeche Mode, il me revient cette fulgurance d’un de mes amis. Le bien nommé Jean-Christobalthazar. J’adore les noms composés. Si j’étais le maître du monde, ce serait une obligation sous peine de lapidation à la crème fouettée. Votez pour moi ! Ecologiste dans l’âme, adepte du commerce équitable, soucieux de la nature et de l’environnement, Jean-Christobalthazar est une sorte de gentil nain de jardin géant. Je l’aime bien moi. Surtout quand il me sort, en pleine crise d’angoisse par rapport à une possible et imminente fin de l’humanité, des vérités du genre : « Tu sais Pchik, « Depeche Mode », ils ont Martin Gore. Mais pour « Depeche MoNde », il nous faudrait très vite un nouvel Al Gore ». Puissant n’est-il pas ?
Et quand il renchérit en m’avouant que dans une vie « intérieure », il avait été escargot, je dis respect ! Et il a raison le bougre. Tout va trop vite, tout est stress et anti-paresse. Camarades tovaritch ! Revendiquons tous ensemble le droit à un rythme de vie digne d’un gastéropode !
Hier encore, en faisant mes emplettes alimentaires, l’hystérique préposée à la comptabilisation de mon caddie m’a rendu fou. Je n’avais même pas fini de réceptionner toutes mes petites affaires que la sentence fusait : « C’est 3000 euros Monsieur (oui, j’aime me constituer de très grosses provisions, on ne sait jamais) ! ». Cette soudaine et insupportable situation d’urgence m’a totalement désemparé. Au lieu de sortir ma carte gold à crédit illimité, j’ai malencontreusement saisi celle de réduction à « Zoophile Passion » (un très beau magazine animalier, je vous le recommande chaudement). Mais enfin doucement quoi ! Moins vite ! J’avais l’impression d’être Julien Lepers à « Questions pour un Champignon » ! Mais si, vous connaissez ce jeu télé. Le gars n’a même pas le temps de finir sa question que les savants candidats répondent déjà à grands coups de « buzz pouet pouet » hurlants. Mais enfin, on se calme quoi !
Je profite d’ailleurs de cette ludique aparté médiatique pour vous livrer un secret assez énorme : Julien Lepers n’est pas iranien. Mmm ? C’est drôle non ? Allez, on peut se détendre ! Ne sombrons pas dans l’obscurantisme total, le noir absolu. Justement, à propos de noir, je ne résiste pas à vous offrir un petit conte de Noël. Peu avant les fêtes, j’avais décidé d’un commun accord avec moi-même de faire un humble don à la police locale de Charleroi. Oh, trois fois rien, restons sobres. Juste quelques centaines d’euros, le prêt de ma voiture pendant six heures et cinq millilitres de salive déposés délicatement dans une sorte de tube emboîté sur une espèce de compteur électronique. Je ne sais pas trop ce que c’est, mais moi, tant que je peux faire plaisir à la maréchaussée, je ne me pose pas de questions. Après ce noble et désintéressé cadeau à mes amis en bleu, j’ai erré plusieurs longues minutes dans la nuit froide. Puis je me suis résolu à héler un taxi. Le conducteur s’appelait Blaise. Un sympathique homme de couleur à l’esprit vif. Nous avons digressé sans compter. Passant allègrement de l’état du monde en général à la précarité du métier de taximan en particulier. Et finalement pour en arriver à se rendre compte qu’en 2004, j’avais, avec quelques amis, assisté à la finale du championnat d’Europe de Football dans le bar africain qu’il tenait à l’époque. Le monde est décidément petit. Au moment de payer, je lui ai demandé d’allumer le plafonnier. « Pourquoi ? », a-t-il rétorqué. « Parce que j’ai peur dans le noir », répondis-je bêtement. Sa réplique me restera à jamais gravée dans le cervelet : « Mais enfin, tant que le noir est adulte et consentant, il n’y a pas de raison d’avoir peur ». Je me suis presque fait dessus de rire, excellent, merci Blaise pour cette belle rencontre.
Et le concert dans tout ça me direz-vous ? En première partie : « Health ». Quatuor anglophone dont je ne pourrai pas vous dire grand-chose. Placé trop loin de la scène, je n’ai eu droit qu’à une infâme bouillie sonore typique de Forest National, dommage.
Pour les interlopes « Interpol », je décide de me rapprocher considérablement de l’objectif. Avec mes trois fidèles gardes du corps mélomanes, Ravière From The Bridge, Dave Zwartje, Sebastian Covered Area, et ma dévouée attachée de presse Flo Therhalfneitherhigh, nous prenons possession de 5 mètres carrés dans la fosse. Après, montre en main, une heure quinze de concert, c’est le moment des bilans. Les joutes de guitare entre Paul Banks (très Clark Gable avec sa coupe gominée) et Daniel Kessler restent du pur bonheur. Le set est au point, laissant la part belle aux classiques des deux premiers albums (PDA, Evil, Slow Hands etc.).
Un sobre mais joli jeu de lumière. Un son finalement très potable. Mes amis n’auront de cesse de me répéter que tout cela manquait d’émotion, mais je m’insurge ! Moi j’ai eu des petits frissons, et pas seulement parce qu’il faisait froid.
Bref « Interpol » continue sa route avec panache. Sans beaucoup innover. Mais y sont-ils obligés ?Quoi qu’il advienne, ils resteront parmi les incontournables de l’histoire du Rock au moins pour deux raisons. Premièrement, un premier album fabuleux (Turn On The Bright Lights). Et deuxièmement, quelques perles en interview du genre : « Quoi ? The Chameleons? Ah non, jamais entendu parler ! ».
A la prochaine … Ou pas !
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