C'était au Muziekgieterij de Maastricht, le vendredi 30/09/2016.
« Hein ? Quoi ? Tu vas voir New Model Army ? Mais c’est un vieux groupe ringard ça ! ».
Voilà la pénible absurdité que j’ai dû avaler, tel un Chokotoff avarié (vous savez, quand ils deviennent tout blancs et tout durs, on les appelle alors Chokoplustoff), lors d’une sympathique garden-party d’arrière-saison. Sans prendre le temps de digérer, j’ai rétorqué de suite : « Mais enfin il est où le problème ? Si cela avait été les Rolling Stones ou Led Zeppelin, j’aurais eu droit à la même réflexion ? » Mon interlocuteur moqueur renchérit : « Ha non hein ! Ce sont des classiques ça ! C’est l’histoire du Rock, Monsieur ! Le patrimoine ! D’ailleurs moi, ce week-end, je vais assister à un concert de Machiavel ! ».
Consternant non ? Je n’ai plus eu le courage de poursuivre davantage cette joute musicalo-verbale. Mon adversaire du jour était visiblement un mélomane de trop haut vol pour votre pauvre serviteur. Le genre d’expérience à vous désespérer de l’espèce humaine. Pour me remonter le moral, je me suis enfilé (enfin pas moi, mon lecteur Dvd) le film « Demain ». Vous voyez, ce fameux documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent primé aux Césars 2015?
Franchement un bon film, je vous le recommande sincèrement. Pas du tout un truc pour bobos béats. Au contraire, une belle prise de conscience. En se retroussant les manches, en arrêtant de courir après une croissance infinie (qui n’est qu’un leurre), en responsabilisant les gens, en se libérant du culte idiot de l’argent roi et surtout, en se rendant enfin compte que notre bonheur dépend totalement de celui de notre voisin, un avenir meilleur est possible. J’en suis ressorti tout requinqué.
Malheureusement, mal m’en a pris de rebrancher la télé. Je suis tombé en plein sur le tirage de l’Euro Million. Une blonde oxygénée sans âge ni expression me balance : « Vous aussi, devenez scandaleusement riche ! ». Snif, scandaleux, en effet. Tout était à recommencer.
J’ai alors élaboré l’idée de m’exiler sur une autre planète. Pourquoi pas finalement ? On ne peut pas être plus mal qu’ici en fin de compte ? Et puis, le fait qu’un astéroïde, découvert en 2008, ait été récemment baptisé Astier (en l’honneur du génial comédien/scénariste /réalisateur Alexandre Astier). Et bien ça me donne confiance en le cosmos.
Mais pour ce faire, il me faudrait réussir une énorme gageure technique. Soit voyager à la vitesse de la lumière. Oui, parce que je n’ai pas non plus envie que cela me prenne des plombes hein ! Pas gagné d’avance me direz-vous. Mais Monsieur Pchik a trouvé la solution. C’est tout simple. La lumière est bien constituée de photons ? Enfin, en gros et en simplifiant. Alors, imaginons que, tel un cosmo-jockey hystérique, nous serions capables de les chevaucher. Qu’ils seraient, en quelque sorte, notre véhicule. Ou mieux, que nous nous remplissions de photons, afin qu’en s’expulsant de notre corps, ils nous propulsent, tel un missile humain, à la vitesse de 300.000 kilomètres à la seconde. C’est possible non ? Une ombre au tableau cependant : le ridicule. On a beau dire qu’il ne tue pas, mais tout de même. Vous avez tous en mémoire ces histoires, plus désopilantes les unes que les autres, de médecins urgentistes. Du style : « Heu, je ne sais pas ce qui est arrivé… Je me suis assis distraitement et cette bouteille de Coca est entrée par inadvertance dans mon rectum, vraiment, je vous jure … ». Ou encore : « Je passais tranquillement l’aspirateur dans mon salon quand, tout à coup, sans crier gare ou même aéroport, il m’a absorbé le phallus ! Vraiment je vous jure … ». Dans le cas qui nous intéresse, je n’aimerais pas trop, en cas d’accident, devoir expliquer au jeune stagiaire en charge de m’extraire ma lampe-torche du fondement, que : « C’est juste pour voyager dans l’espace, je vous jure … ».
Et le concert dans tout ça me direz-vous (oui, parce que là , je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet) ?
Tout d’abord, coup de chapeau aux organisateurs pour le choix du Muziekgieterij, genre d’ancienne usine réaménagée à la perfection en salle de concert. C’est propre, beau, l’acoustique est parfaite. Le savoir-faire néerlandais dans toute sa splendeur. Je dois avouer que j’ai un petit faible pour les Pays-Bas. Ca doit remonter à l’époque où, pré-ado, je regardais en cachette le « Pin-up Club » sur une de leurs chaines nationales toutes fraîchement débarquées sur notre réseau de télé.
Ils ont toujours eu une longueur d’avance ces Bataves. Pour preuve, mon Tovaritch Igor Emmanuellovitch, qui m’accompagnait ce soir-là , a eu à peine le temps de déposer sur un coin du bar sa bouteille de bière Primus encore au trois quarts remplie qu’elle était déjà rangée dans les vidanges. Doucement les gars, doucement !
Au niveau musique proprement dit, que du bonheur. Justin Sullivan a réorganisé New Model Army en quintet avec l’ajout d’un claviériste. Une débauche d’énergie et d’émotions typique à ce groupe légendaire. Le public (environ cinq cents personnes) est comblé. Justin a toujours cette voix profonde et chaude, inaltérable, un régal. C’est marrant, mais en vieillissant, il me fait un peu penser physiquement à Patti Smith. La part belle est faite aux chansons du dernier album, « Winter ». Il s’en explique (en s’excusant presque) régulièrement durant le concert : « We really want to play new songs … ». Quelques classiques malgré tout : « White Coats », « Space », « 51st State », et en rappel final « Poison Street ». Soit tous des titres sortis entre 1986 et 1990.
On aurait évidemment apprécie un petit « I love the world » ou le fabuleux « Vagabonds ». Mais cet hymne est injouable sans violons. Et le génial Ed Alleyne Johnson ne fait malheureusement plus partie de l’aventure.
En conclusion, une merveilleuse soirée qui me donne envie de compléter ma discographie de ce groupe essentiel.
A la prochaine … ou pas !
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