Monsieur Pchik a testé pour vous: Calogero

// 16/05/2018

Par Monsieur Pchik

Je me sens contrarié, limite agacé, voire carrément tarabusté. Mais enfin, pourquoi n’ai-je pas accompagné Fella, ma divine amoureuse, pour aller ouïr Calogero ?

Bien sûr, il est aisé de me donner bonne conscience à peu de frais via des envolées du genre : « Laissons-lui de l’air. Qu’elle s’amuse avec ses copines sans que je sois dans ses pieds. Cela lui fera du bien ». Mais sincèrement, est-ce là, la vraie raison de ma coupable absence ? Ne dois-je pas plutôt chercher du côté d’un inavouable snobisme méprisant, cher aux soi-disant rockers, qui polluerait un tantinet mes pensées mélomanes en m’incitant à considérer le Calogero comme un simple « gugusse variétoche pour ménagère en carence érotique » ?

Juste pour votre information, j’ai vraiment essayé de simplifier un maximum la phrase ci-dessus. Bref, je me questionne et je vais même plus loin : mon dédain vis-à-vis de ce brave homme n’est-il pas, finalement, juste de la jalousie ? Tel un gorille mâle dominant touché dans sa virilité parce que sa femelle en pince pour un autre ? Une sorte de King Kong blessé et désorienté ? Et attention, comme vous le savez tous, quand quelque chose cloche chez un King Kong, il devient très vite Ding Dong ! Cloche … Ding Dong … Relisez à votre aise, peut-être sourirez-vous un peu. Cette allusion à King Kong me fait penser à l’Afrique et, par ricochet, à la regrettée Rose Laurens.

C’est sympa que certains artistes lui rendent hommage en se fendant de quelques reprises. Julien Doré par exemple, mais aussi et surtout Toto. Je ne savais point que cet espiègle petiot, en plus d’être le héros d’histoires à pleurer de rire, les fameuses blagues à Toto (ndlr, la fois ou son père lui demande d’acheter du sparadrap et qu’il répond qu’il n’a trouvé que du spa citron ! Allez ! Désopilant non ?), pouvait également pousser la chansonnette. Bien que sa version du tube « Africa » soit méconnaissable.

Enfin bref, revenons à nos moutons. Dans un passé plus ou moins récent aux vapeurs encore tièdes, j’ai pourtant donné de ma personne en allant « applaudir » des chansonniers assez peu intrusifs dans ma collection de disques. En vrac : Céline Dion pour faire plaisir à ma regrettée tante Graziella, Michel Sardou pour ma gentille maman et, accrochez-vous bien, Bon Jovi pour combler Stormy Raymonde (ndlr, un amour sans lendemain, veille non plus d’ailleurs). Oui, vous lisez bien : Bon Jovi. Fallait vraiment que Stormy Raymonde ait des arguments. Maintenant, je ne regrette rien, comme disait l’autre. Le cadre de l’événement était cavalièrement pittoresque (ndlr, l’Hippodrome d’Ostende) et quelques fulgurances fusent à ma mémoire : le vertigineux décolleté maculé de bière de Stormy, la première partie assurée par Machiavel (j’aurais vraiment tout eu en une fois non ?). C’était cocasse, le regretté chanteur Mario Guccio s’obstinant à parler français au public. Plus la foule le sifflait, plus il en remettait. Il en avait dans le slip quand même, le Mario. Et puis Jon Bon Jovi lui-même : « You’ve seen too many Boys Band ! We are not a Boys Band ! We are a Males Band ! ». Je ne vous ferai pas l’injure de traduire. J’étais resté dubitatif. Par contre, je n’ai pas eu assez de lingettes pour éponger Stormy Raymonde réduite à l’état de jacuzzi bouillonnant.

Et le concert dans tout ça me direz-vous (oui, parce que là, je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet) ?

Et bien, pour une fois, donnons la parole à ma douce Fella. Un avis sincère de vraie fan enthousiaste, sans préjugé, et sans volonté de convaincre … Vu qu’elle s’en fout.

« Son public se situe dans la tranche 40-50 balais. Des adultes. Il n’en fait pas trop, professionnel sans être tape à l’œil. Si je ferme les yeux, je crois entendre le CD. Heureusement, ses commentaires et improvisations me rassurent, ce n’est pas du playback. Un musicien accompli passant tour à tour de la guitare basse au piano. Pour la danse, il peut mieux faire, même si son Moonwalk valait le détour. Une petite minute pour Johnny Hallyday, pas racoleuse et sobrement amenée. Et puis, le public qui se recueille sur « Plus jamais ça », allusion non dissimulée aux attentats de Bruxelles. Et en final imparable, un lancer de guitare basse dans la salle. Un parterre conquis qui, à ma connaissance, n’a pas rendu l’instrument. Fichtre ! Calogero, un chanteur populaire dans le bon sens du terme. Il parle de la vie. De manière simple. C’est positif. Cela fait du bien. Et ce n’est pas con. C’est rare finalement, non ? Et puis, qu’est-ce qu’il est svelte pour ses 46 ans ! ».

Heu … Mon amour, plus svelte que moi ? Sérieux ? Tu veux voir un King Kong qui fait Ding Dong ?

A la prochaine … Ou pas !

(Au Palais 12 de Bruxelles. Vendredi 04/05/2018)


RETOUR

ARCHIVES

Avec le soutien de
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles service des musiques non classiques
Top