Monsieur Pchik a testé pour vous #08 : La "Fantastique.Night n° 45"

// 29/04/2015

Par Monsieur Pchik

Ce que je trouve fantastique dans le concept des soirées concerts « Fantastique.Night »,
c’est que grâce à elles, il existe encore une possibilité d’écouter de la musique underground et alternative dans notre belle capitale. Et surtout qu’il y ait encore des gens assez passionnés et courageux pour la faire vivre. Pour organiser ces événements avec ardeur et sans aucun subside ou impôt détourné de nos petits portemonnaies de futurs pensionnés centenaires.


Et le « pire », c’est que ça marche ! Plus de 300 mélomanes avides de frissons gothico/dark wave pour cette quarante-cinquième édition (eh oui déjà) qui retrouvait place dans ce bon vieux « Witloof Bar » du Botanique (à Bruxelles). Pour les braves lecteurs qui ne connaissent point la langue flamande, je précise que witloof signifie « chicon » (ou encore « endive » pour nos amis français de France). C’est con non ? Enfin, c’est pas ça, j’aime beaucoup les chicons hein ! Et puis historiquement ça semble tenir la route. En effet, vers 1830, un certain Franciscus Bresiers (jardinier en chef) y a inventé le dit chicon en triturant sadiquement les racines de chicorée … Je voulais juste faire remarquer que « chicon », ça ne fait pas trop rock and roll quoi … Même s’il s’agit de beaux gros chicons ! Enfin, chacun ses goûts légumiers au fond.

Tant qu’à faire, le « Witloof », on aurait pu l’appeler le « Kolom ». En hommage à ces grosses colonnes qui soutiennent son beau grand plafond voûté mais qui gênent considérablement la vision de la scène. Ho puis non tiens, je choisirais plutôt le « Roode Gordijn ». Traduisez « rideau rouge ». Parce que voyez-vous, j’affectionne beaucoup ce grand drap écarlate qui encercle l’arrière du décor.

Ma petite camarade Katia Djop, qui m’abreuvait gentiment de jus de houblon ce soir-là, me disait d’ailleurs que cela lui rappelait l’étoffe du théâtre des Jeunesses Catholiques de Bourg-Léopold (sacré Léopold) de son enfance. Permettez- moi, chers lecteurs adorés, une petite parenthèse au sujet de Katia Djop. Voyez-vous (et c’est le cas de le dire), Katia Djop, c’est la reine de la nuit des « Fantastique.Night ». Elle illumine littéralement la salle et les coulisses de sa présence.
Katia Djop, vous n’avez qu’à la suivre et vous ne vous perdrez jamais dans l’obscurité.
Et puis quand elle est avec sa copine Kim Lash, c’est l’ambiance assurée. Kim, son registre c’est plutôt : comment virer son mec sans effets secondaires et/ou autres complications. D’ailleurs les filles, pour rester célibataire, ne dit-on pas : faut Kim Lash ?

Mais revenons à notre roode gordijn. Moi ça m’évoque plutôt « Twin Peaks » de David Lynch. Mais oui hein, ce glauque plateau avec des nains et des géants partout. Cette vaporeuse chanteuse oxygénée et le fantôme de Laura Palmer … Ca vous parle quand même non ?


David Lynch, le seul réalisateur qui peut se permettre d’écrire des films complètement abscons. Vu que son public se sacrifie à sa place pour y trouver un sens. Un grand paresseux dans son genre. Mais savez-vous que vous pouvez faire aussi bien que lui, petits lecteurs cinéphiles ? D’ailleurs moi, Monsieur Pchik, je vous livre la recette. Toi aussi petit homme, fais ton David Lynch. Ce n’est pas compliqué du tout le David Lynch en kit. Il faut juste un peu de méthode et d’organisation.

Choisissez d’abord trois longs métrages totalement différents.
Mettons par exemple : « La Grande Vadrouille », « L’Empire des Sens » et « Star Wars ». Allons-y, d’abord Star Wars. Sélectionnez toute la partie de l’attaque de l’étoile noire par Luke Skywalker et ses copains.

Zou, appuyez sur play. Voilà, tout le bazar explose, vite une petite pause pipi et ne perdez pas de temps pour enchaîner sur la Grande Vadrouille. Toute la séquence qui va de la fuite dans les égouts de Paris jusqu’à l’échange de vélo entre Bourvil et De Funès.

Voilà c’est fait, vite un nouveau petit intermède cacahuètes et boum on termine par la scène d’émasculation de l’Empire des Sens.

Et bien voilà ! Youpi ! Vous l’avez votre self-made David Lynch. Tout aussi clair et facile à comprendre qu’un original !

Et le concert dans tout ça, me direz-vous (oui, parce que là, je me rends bien compte que je m’écarte un peu du sujet)?

Et bien de nouveau une belle soirée avec trois groupes au programme.

D’abord : « Terror Terror ». Un explosif duo batterie/guitare basse. Un son énorme et noisy au possible. Une basse noyée dans la distorsion. Et des bruitages électroniques pour enfoncer encore un peu plus nos pauvres tympans. J’ai adoré. Quelque part dans le sillon tracé par « A place To Bury Strangers » ou même « Sonic Youth ».

Ensuite, « Charnier ». Excellente formation post-punk bruxelloise. Charismatique au possible. Les gars ont déjà un solide fan club et leur brillante prestation de ce soir-là ne risque pas d’arrêter le phénomène de contagion.

Et pour finir en beauté, « She Past Away ». Duo venu tout droit de Turquie. Lorgnant du côté de « The Cure » période « Pornography » pour les mélopées de guitares et de « The Sisters Of Mercy » pour la voix de cancéreux d’outre-tombe. Génial.

Vite la quarante-sixième édition de ces mythiques « Fantastique.Night ».
A la prochaine … Ou pas !

Photo de Terro Terror (c) Xavier Marquis pour Fantastique.Night XLV - Brussels, 21/02/2015

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