Au Festival Trolls & Légendes, à Mons le 16 avril 2017
Ce n’est pas la première fois que j’aborde le sujet. Mais tant pis, quitte à me répéter. Suce aux préjugés ! Suce aux certitudes toutes faites, aux convictions inattaquables. Pardon, « sus » voulais-je dire. Désolé, je suis troublé, me sens toute tout foufou. Sus aux préjugés, donc. Car ils ont la vie dure, les bougres. Si je pousse ce cri de guerre anti œillères, c’est grâce à Wardruna. Pour ceux qui ne les connaissent point, cette formation musicale norvégienne est notamment responsable du générique du feuilleton télé à succès « Vikings ».
Bien malgré moi, notre rencontre a fait dégivrer, comme merguez sur le grill, mes croyances les plus éculées. Et dans le même instant, m’a fait prendre dans mon recul. M’a fait prendre du recul, plus exactement. Décidément, je suis vraiment très troublé. On a dû mettre un truc dans mon hydromel, c’est bien possible. Mais mon bouleversement est facilement compréhensible et pardonnable. Ainsi, je m’attendais à croiser de vils barbares incultes et violents, des grosses brutes mal dégrossies suintant la cervoise tiède et l’élan cru (ndlr, plat typique se rapprochant assez de son cousin tanzanien, le gnou mou). Car, dans mon inconscient collectif personnel, c’est forcément comme ça, un viking.
Que du tout, nenni camarades ! Au contraire, ces fringants guerriers scandinaves biberonnés aux légendes nordiques et runiques sont de merveilleux gentlemen. Polis, instruits, des colosses, certes, mais des colosses charmants et totalement Rock And Roll.
Petit aparté ludique : quel est le classique rock préféré des colosses ? Non ? Allez, c’est facile pourtant : « On the RHODES again » de Canned Heat évidemment.
Colosses. Rhodes. Drôle, non ? Bref, pour revenir à mes beaux vikings « Thorrides » (ndlr, torrides disciples de Thor), leur testostérone couplée à leur virilité naturelle, néanmoins bienveillante, m’ont fait tanguer tel un drakkar en eaux troubles. Mon indécrottable hétérosexualité en a, si je peux me permettre l’expression, pris un coup. Certes, j’ai pu éviter le naufrage. Cependant, de convaincu, je suis passé à toutes les possibilités sémantiques de cet adjectif, si vous triturez l’ordre de ses trois syllabes. Dingue non ? Moralité : quand le doute vous habite, ça peut faire cher le loyer et surtout, consolidez bien les fondations.
Heureusement que ma belle Fella, mon amour inconditionnel, a remis de l’ordre dans les points cardinaux de ma boussole sexuelle Elle sait y faire, la tigresse coquine. Pour éviter une remontée à la surface trop abrupte, et donc dangereuse, nous avons procédé comme feu le Commandant Cousteau : par palliers. Pour ce faire, Fella m’a autorisé à enfiler ses nuisettes Betty Boop pendant au moins deux semaines après les faits. Je retrouve donc progressivement toute ma masculinité. Actuellement, je ne lui emprunte plus que ses chaussettes. La guérison définitive est en vue.
Tiens, pour conclure dans le registre des a priori castrateurs, il me revient cette fulgurance de mon brave Mathieu Roodetje. Un soir de bistrot où nous déblatérions de tout et surtout de rien autour d’un Picon vin blanc, j’ai été attaqué, à plusieurs reprises, par une mouche hystérique. J’ai eu le réflexe de me humer les dessous de bras. Mon compagnon de beuverie m’a de suite fustigé : « Mais enfin Pchik, tu crois qu’une mouche, ça te tourne autour uniquement par ce que tu sens mauvais ? Ce n’est pas bien de stigmatiser de la sorte ces braves bêtes ». Il n’avait pas tort ! Comme je le disais plus haut, les préjugés ont la vie dure.
Et le concert dans tout ça me direz-vous (oui, parce que là , je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet) ?
Tout d’abord, un petit mot au sujet du Trolls & Légendes Festival. Cette grand messe de l’univers « Fantasy » au sens large (ndlr, du Seigneur des Anneaux à Star Wars) a lieu tous les deux ans au Palais des Expos de Mons.
Entièrement organisée et gérée par des passionnés bénévoles, cette géniale concentration s’articule sur trois jours, avec au programme tout ce que vous pouvez rêver en matière d’Heroïc Fantasy. Spectacles, jeux, littérature, artisanat, cinéma. Et bien sûr des concerts. Un succès de foule et d’estime qui en fait le plus prisé des festivals du genre dans le monde francophone. Pas loin de 10.000 visiteurs enthousiastes pour cette dernière édition en date. Un succès auquel Wardruna a plus qu’activement participé. Pour la première fois en Belgique, Einar Selvik et sa bande ont vraiment assuré.
Un show à la fois puissant et intimiste. Des ambiances parfois très proches de Dead Can Dance. Des envolées lyriques en langue runique qui insufflent un irrésistible côté magique. De géniales expérimentations sonores où s’entrecroisent des cors celtiques, des rythmiques « pagan folk », des chutes d’eaux et... des grognements de sangliers. Et le plus fou, c’est que cela fonctionne parfaitement. Du grand art, vraiment. Un triomphe. Cerise sur le dolmen, Clive Standen en personne (ndlr, qui incarne le personnage de « Rollo » dans la série « Vikings ») a personnellement intronisé le groupe avant sa prestation. Les fans ne se sentaient plus. Et moi non plus. On m’a vraiment mis un truc dans mon hydromel !
A la prochaine… Ou pas.
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