Aujourd’hui, petits lecteurs adorés, je n’ai point le cœur à la gaudriole. Je me sens coupable et j’ai envie de demander pardon au cosmos. Pardon pour tous ces moments de ma futile existence où j’ai manqué de courage. Tous ces atermoiements qui m’ont empêché, un jour, d’accomplir un acte noble. Toutes ces tergiversations qui m’ont poussé à attendre le soi-disant bon moment, soit celui qui ne vient jamais. Et qui, aujourd’hui, me font douloureusement douter de ma bravoure. Comme disait Ian Curtis, il est temps de remettre les pendus à l’heure.
Non, je ne suis pas le super héros que vous croyez. Loin de là . J’aurais pourtant tant aimé être un noble vengeur. Une sorte de « Zorro Tipp-Ex » moderne. A la fois redresseur de torts et effaceur de réflexions à la con. Un gars qui n’a pas peur de prendre des risques face aux injustices physiques, verbales et autres. Grandes ou petites. Car, à l’instar du mensonge ou encore de la planche de snowboard, en matière d’iniquité, la taille a finalement peu d’importance. Sincèrement, je ne me sens pas fier. D’affreux souvenirs me hantent régulièrement. Suis-je vraiment un dégonflé ? Certains faits semblent le prouver. Comme cette balade, il y a quelques années, sur la banquette arrière d’un taxi bruxellois avec mon ami Jean-Luc From My Yesterday (chanteur culte d’« Electro Body Music » de son état).
Dans son exaltante envie de communiquer, notre chauffeur nous avait ardemment chauffés (on pourrait, à première vue, trouver cela logique, mais bon). Morceau choisi : « Moi, hein, les tapettes et tous les anormaux comme ça, il en faut pas dans mon auto ! Hier, y en avait deux et ils s’embrassaient en plus ! Je leur ai dit de prendre le bus. C’est pas un bordel ici. Non mais ! ». Trois possibilités de réponses jaillirent dans mon cervelet. Soit vomir sur place. Soit ordonner au trépané qui nous servait de taximan d’arrêter sa poubelle. Que je puisse terminer le trajet en piéton, histoire de respirer un peu. Ou alors, et cela aurait été la meilleure des trois solutions, caresser la main de mon pote Jean-Luc en lui susurrant des mots doux. J’imagine la tête de l’autre dégénéré au volant. Mais je n’ai rien fait de tout ça. Tout au plus me suis-je cloîtré dans le silence. Un silence lâche et, au final, complice. Je m’en veux.
Ou encore la fois, où adolescent, je me rendais chez mon revendeur de joysticks pour Commodore 64. Vous, les vieux comme moi, vous avez tous connu cet ancêtre du PC non ? Là , c’est mon tovaritch Stéphane Vagabondovitch qui m’offrit une vraie leçon de courage. Complimentant la vendeuse au sujet de ses boucles d’oreilles, il renchérit en disant que cela lui donnait l’idée d’en utiliser de semblables comme piercings dans le nez. Réponse de la sorcière de service : « Dans le nez ! Mais c’est les nègres qui font ça ! Vous ne voulez quand même pas ressembler à un sauvage ? ». Stéphane riposta tout de go : « Il est où le problème ? Moi, j’aime bien les Noirs. Et la seule sauvage que je vois ici, elle est en face de moi ! » Cruella se tut de suite et c’était très bien comme ça. Je me tus aussi. Et ça c’est moins bien.
Pour conclure ce triptyque malheureusement non limitatif, je ne m’attarderai pas trop sur cet épisode scolaire. Je me revois durant la récréation, hurlant avec la meute de loups enragés (de peur de me retrouver banni par les leaders de classe) des insanités au sujet de la tenue vestimentaire (visiblement pas assez à la mode pour nous, pauvres crétins) d’un élève qui m’avait pourtant, le matin même, refilé les réponses de l’interro de math ! Il a eu la délicatesse de juste me traiter de con. J’aurais mérité qu’il me déguise en accident de la route.
Pas brillant tout ça hein ? Je traine un solide passif de couardise, non ? Evidement et heureusement, il y a toujours des exceptions. J’ai ainsi récemment redoré mon blason en fustigeant un intégriste fondamentaliste. Un dangereux petzouille. Attention, il ne s’agit ici nullement d’un belgicisme injurieux. Non, un petzouille désigne simplement un fanatique inconditionnel de l’ours Petzi.
Ne me dites pas que vous ne connaissez pas les péripéties bédéphiles de ce gentil petit ourson parcourant le monde sur son bateau avec ces amis Pingo le manchot et Riki le pélican ! Allez quoi ! A l’image des « trekkies », qui dédient totalement leur existence à « Star Trek » (d’ailleurs au passage, ne dites jamais à un « trekkie » que les cales de l’Enterprise sont vides car il serait capable de renouveler le Spock ! Waaaaarrrff), les petzouilles ne vivent que pour et à travers Petzi. Et cela peut prendre des proportions inquiétantes. Le petzouille auquel j’ai eu affaire faisait preuve d’un prosélytisme des plus décomplexé. Il était carrément en croisade. Il appelle ça le Petzihad.
Une sorte de mission. Ainsi, il voudrait que le monde entier ne lise plus que les aventures de Petzi et rien d’autre. Dingue non ? Il veut aussi imposer la loi de Petzi. Il appelle ça la Shariouille for Petzi. Tout le monde devrait porter une salopette rouge à pois blanc et manger des crêpes ! Ceux qui refuseraient se verraient infliger une punition exemplaire : la Petzifatwa. Heureusement que les petzouilles ne sont pas nombreux. Enfin je l’espère. Mais bon, pas d’amalgames surtout.
J’ai fait remarquer à ce dangereux survolté que nulle part dans les aventures de Petzi, je ne trouvais trace de telles absurdités. Jamais Petzi ne demande à ses fans de partir en guerre contre le reste du monde ! Et c’est là que le bougre, tout embarrassé, m’a avoué honteusement qu’il n’avait jamais réellement lu une aventure de Petzi. Il avait juste, un jour, vaguement consulté Internet et cela avait suffi à le petzicaliser. Je l’ai bien mouché le petzouille.
Et le concert dans tout ça me direz-vous (oui, parce que là , je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet) ?
D’abord un grand bravo pour l’organisation. On s’y sent bien au festival « Scène sur Sambre » (Abbaye d’Aulne à Thuin, le samedi 27 août. On se croirait presque en vacances. Le cadre est bucolique et enchanteur à souhait. Les stands de bouffe sont nombreux et délicieux. En fait, on n’a pas vraiment l’impression d’assister à un festival de musique et encore moins de « rock ». Cela me fait plus penser à une sympathique petite virée touristique. Bon, c’est mon avis personnel et je revendique le droit de me tromper. Mais quand même, j’ai eu cette bizarre sensation que le public prêtait assez peu attention aux artistes. Je ne dis pas qu’on aurait pu faire jouer n’importe qui, mais presque. L’accueil des nombreux festivaliers fut quasi identique pour la pop poussive, inoffensive et désespérément trop bon enfant de Talisco et pour le set tendu, magnétique et enivrant de Balthazar (on m’avait dit le plus grand bien de ce combo flamand, je confirme).
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