Monsieur Pchik a testé pour vous « William Sheller».

// 03/11/2016

Par Mr Pchik

Monsieur Pchik a testé pour vous « William Sheller». Au « Palais des Beaux-Arts » de Charleroi. Samedi 01/10/2016.

Je dois avouer que causer de William Sheller, en période de toussaint, me tourmente un peu. J’ai peur que le fait d’évoquer son cas, en pleine fête des morts (avec tous ces désaxés grimés en citrouilles ou en clowns tueurs. Ces insatiables croque mitaines du dimanche en manque d’hémoglobine, jamais rassasiés de jouissances morbides, qui crient tous à l’unisson : enGore, enGore !), ne lui porte malheur au William. Non, sérieusement, je suis sincère. Parce que je l’aime vraiment bien. Il fait partie de ces rares chanteurs francophones à qui je pourrais tout pardonner tant je le trouve génial. Un peu comme Alain Bashung. Celui-là, même quand il faisait cohabiter dans une même strophe : dresseur de loulou et dynamiteur d’aqueduc …


On lui passait l’éponge ! William Sheller fait donc partie de mes intouchables, de mes vaches sacrées … Ce qui est, j’en conviens, un concept idiot. C’est vrai, le principe de sacraliser quelqu’un (ou quelque chose), au point de ne pas pouvoir s’autoriser à le critiquer, ou pire, ne pas autoriser les autres non plus, est stupide et dangereux. Une ineptie à laquelle nous sommes malheureusement plus que violement confrontés de nos jours. Cela me rappelle Pierre Desproges. Ce qu’il haïssait par-dessus tout (dixit lui-même), c’est bien cette manière de déifier les gens, qu’ils soient morts ou vivants d’ailleurs.


Cela peut paraître cocasse, dans la mesure où, lui aussi, est devenu une sorte d’icône, de saint idolâtré par ses fans (dont je fais partie). Pourtant, il n’hésitait pas à dézinguer à tout va. De Chantal Goya à Serge Gainsbourg, que l’on soit catalogué ringard ou branché, tout le monde avait droit à son fiel génial. Une exception cependant : Georges Brassens.


Là, visiblement, Desproges avait quand même ses limites. Impossible pour lui de balancer une vanne sur le grand Georges. Comme quoi, on a tous nos faiblesses et nos tabous hein ? Tiens, en parlant de Serge Gainsbourg, voilà un autre bel exemple de « génie intouchable ». Le fameux Serge Gainsbourg ! Ce fabuleux dandy provocateur, ce compositeur surdoué … Personnellement, les couches et surcouches de compliments à son sujet m’ont toujours gavé. Parce que, franchement, il a fait du bon, certes … Mais pas que du bon hein ! Et sur la fin, le personnage devenait carrément sordide et pitoyable. Souvenez-vous, en plein direct chez Drucker, son inoubliable : « I want to fuck you » balancé à Whitney Houston.


Tous ses courtisans avaient trouvé cela divinement irrévérencieux. La grande classe. Par contre, quand quelques temps plus tard, il traitait Catherine Ringer de péripatéticienne parce qu’elle tournait de temps en temps un petit porno, là, ses disciples avaient beaucoup moins rigolé.


Ils avaient de suite tenté d’excuser leur gourou en invoquant un possible surmenage ! Non mais caramba ! Expliquez-moi ! Quelle est la subtile différence qui m’échappe visiblement ? En quoi est-ce « supercooool » et tendance d’injurier Whitney Houston ? Et à contrario, en quoi est-ce maladroit et déplacé de faire de même avec Catherine Ringer ? Parce que Whitney Houston faisait, sois disant, de la merde et les Rita Mitsouko, sois disant, de la bonne musique ?


Bref, je m’emporte et cela ne sert à rien. Parce que finalement et en conclusion : « tout le monde il est con », « tout le monde il est nul » … Sauf William Sheller ! Voilà, c’est dit ! Et le concert dans tout ça me direz-vous (oui, parce que là, je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet) !?

Une débauche d’émotion, de beauté et de fragilité. Un décor et un jeu de lumière des plus sobres.

Un quatuor à cordes (violons, violoncelle) et un William Sheller au piano. Une formule orchestre de chambre qui convient parfaitement à sa musique. Même pour les titres qui, à l’origine, n’avaient pas été composés dans cette optique. D’une voix mal assurée, il nous explique que son médecin lui a vivement déconseillé de reprendre la route, un problème de gorge parait-il … On n’en saura pas plus. Mais comme son meilleur médicament est la musique, il a décidé de désobéir au rebouteux. Une fois lancé, il retrouve son timbre inimitable. On le sent parfois à la limite du décrochage, on frémit pour lui … Et cela rend ses interprétations encore plus belles. Près de deux heures de bonheur, des instants magiques : « Maman est folle », « Les machines absurdes », « Nicolas » … Avant chaque chanson, une petite explication de comment lui est venu l’idée des paroles. Du contexte qui a influencé l’écriture… Un moment d’aparté avec un musicien vraiment à part, un modeste surdoué, un gars rare. Merci.

A la prochaine … Ou pas !


Cz, 02/11/2016

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