Au « Botanique », Bruxelles, premier avril 2017
J’ai l’impression que tout était plus simple avant. Pour mieux exprimer le fond de ma pensée : nous vivons une époque de grands progrès techniques, certes, mais des progrès très relatifs dans la mesure où ils ne nous rendent pas service. Au contraire, ils compliquent tout. Ils nous embrouillent. Permettez-moi donc d’argumenter par quelques exemples aussi péremptoires que futiles.
Il n’y a pas si longtemps, un gars qui parlait tout seul, c’était peut-être un simplet, tout bêtement (si je peux me permettre la redondance). Mais maintenant, un humanoïde qui soliloque, c’est peut-être qu’il a un kit GSM mains libres avec mini-écouteurs ! Il y a matière à méprise, caramba ! Je poursuis. Avant, quand on allait à la mer, c’était pour soigner sa thyroïde. Quoi ? Vous n’avez jamais entendu parler des problèmes de goitre ? C’est important, savez-vous ! Et l’iode, présente en abondance dans les milieux marins, est une merveilleuse cure. Que vous soyez hyper ou hypo-clitoridiens … Heu, thyroïdiens, désolé, je m’embrouille. Mais je suis plus dyslexique que médecin finalement. Et puis, pour être franc, je m’en fous. Vu que mon problème à moi, c’est d’être hyper-tyrolien. Une maladie honteuse très difficile à vivre au quotidien. Par sa faute, il m’est totalement défendu de porter une culotte courte à bretelles et de grandes chaussettes de laine, sous peine de saliver à la moindre Heidi qui passe.
Ou pire : m’enfiler l’intégrale des « Smiths » à grands coups de « Alalahihi » avec l’ami Morrissey (ndlr, les vrais connaisseurs comprendront).
Bref, jadis donc, on allait à la plage pour se refaire une santé et pas pour chasser le Pokémon. Un beau progrès aussi ça. La chasse aux œufs, en période de Pâques, je veux bien. Mais le Pokémon... Où va-t-on ? Tiens, en passant, je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous les fulgurances suivantes. Savez-vous comment on appelle un Pikachu trop gourmand ? Un Pikassiette, voyons ! Et un Pikachu enrhumé ? Un Pikatchoum ! Et un Pikachu fou amoureux de Sharon Stone ? Un Pikaglace !
Warrrrff ! Avouez que pour un hyper-tyrolien incurable, je suis impayable non ?
Oui, donc, tout était mieux avant. Prenons l’invention du tourne-disques, c’était génial. Pas besoin de plus ! Un vrai progrès définitif et, comme le vélocipède, non améliorable. Sommes-nous réellement demandeurs de toutes ces sophistications en matière d’écoutes musicales ? Comme, au hasard, la fonction « random » sur les lecteurs CD. En voilà bien une, d’invention stupide. Mais dites-moi un peu à quoi cela peut-il servir de programmer un ordre aléatoire à la diffusion des chansons d’un album ? C’est idiot. J’ose espérer que les musiciens pensent toujours leurs oeuvres en termes de logique. Soit un début, une intrigue, un épilogue. Pourquoi foutre tout ça dans le désordre ? Vous feriez ça avec un roman ? Vous changeriez l’ordre des pages ? Enfin, avec les nouveaux « grands » auteurs actuels, oui, c’est vrai, peut-être que ça n’influerait en rien la compréhension du récit. Le domaine alimentaire, lui non plus, n’échappe malheureusement pas à ce triste constat. Ainsi, autrefois, ça n’existait pas le croque-madame. C’était le croque-monsieur et basta ! Simple, pas de gesticulations anatomico-gastronomiques. Même Didounette, ma petite nièce, y perd son latin de débutante dans toutes ces inutiles nouveautés. A ce propos, elle m’a d’ailleurs demandé : « Dis tonton Pchik, c’est quoi la différence entre un croque-monsieur et un croque-madame ? ». Ma réponse a fusé : « Et bien, ma petiote, juste une énorme paire de nouilles ». Je dois dire que, sur ce coup- là , ma dyslexie a été des plus utile.
Et le concert dans tout ça, me direz-vous (oui, parce que là , je me rends quand même bien compte que je m’écarte un peu du sujet) ? En fait, exceptionnellement, je ne suis pas totalement hors-propos dans ma dysenterie verbale d’introduction. Pourquoi ? Parce que Benjamin Schoos m’inspire un sécurisant sentiment de classicisme. Oserais-je dire que c’est un crooner à l’ancienne ? Oui j’ose ! Un chanteur de charme qu’on croirait tout droit sorti du « Rat Pack » de Frank Sinatra.
C’est vrai qu’avec son petit air d’Orson Welles des débuts, il n’aurait pas dépareillé aux côtés de Frankie et de ses camarades de jeux, Dean Martin ou Peter Lawford. J’aime sa voix aussi. Elle me rappelle assez Alain Chamfort. J’imagine qu’on le lui a souvent dit et que cela doit, peut-être, le saouler un peu. Mais bon, il y a pire comme comparaison. D’autant plus que Jacques Duvall était aussi présent dans la Rotonde du Bota. Notez que j’y ai aussi décelé quelques intonations à la Dominique Dalcan.
En vingt ans de carrière, l’ami Benjamin s’est construit un riche univers musico-cinématographique. Car ses chansons défilent comme un film sur pellicule.
Séries « B », reportages, drames, comédies... Ses textes sont des synopsis, des ébauches de scénario en puissance. Et ses personnages sont tous des acteurs potentiels. On y retrouve pêle-mêle : Sylvia Kristel, des cascadeurs, des catcheurs amoureux et malheureux, des travestis sombrant sur le Titanic ou encore des conducteurs fantômes.
J’ai beaucoup apprécié cette soirée totalement glamour et parfois surnaturelle dans la gestuelle (ndlr, la chorégraphie du combat de catch, surprenante). Au final, une jolie dédicace sur mon 33 tours : « Une belle nuit d’amour à Monsieur Pchik ». J’aurais aimé mais, étant trop méticuleux, j’ai erré jusqu’à potron-minet à chercher ou j’allais délicatement ranger l’opus. Dans les « B » avec Bauhaus ? Ou dans les « S » avec les Sisters Of Mercy ? Bof, ni l’un ni l’autre. Si au moins j’avais un disque de Sinatra. Mais promis, ça va venir.
A la prochaine… Ou pas !
Photo : Pascal Schyns
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