Au salon de l'hôtesse

// 18/01/2015

Par Cartherine Colard

En voiture simonisée, Simone! Cette semaine, on s’en va à Bruxelles visiter le dernier salon dont on cause. Le Salon du Livre? Le Salon de l’Erotisme? Que nenni, malin. Quoique. Mais non, le Salon de l’Auto! Le temple des mécaniques qui roulent. Le nirvana des cylindres qui rutilent. L’eden des filtre à particules. Le paradis des célestes houris à la virginité sans cesse renouvelée.

Je suis James Dean frouchelant en décapotable sans capote.
Je suis un selfie de Schumacher sur une piste rouge avec ma GoPro.
Je suis Charlie et chariotte for ever. Ah non, ça on ne on peut plus, Serge.

Je le dis sans détours, j’aime vivre dangereusement. Hell, j’aime trop débourser 13 euros pour entrer dans ce satané salon après 3 heures pour sortir des bouchons et 66 minutes pour caser mon vieux carrosse au parking payant.

Ah, mon carrosse rouge, ma caisse antétaxeCO, je la chéris pour l’éternité, telle un trophée, un tatouage signe de liberté lubrifiée. Un peu comme cet amant poilu un peu beauf à l'accent catalan mais si gentil, qui sait tout de mes turpitudes et de mon penchant pour l’odeur du cuir patiné à l’arrière des berlines. Que je retrouverai au soir. Fourbue, cocue mais contente d’avoir communié dans les travées du Heysel et une transe transpirante entre quidams qui matent des carrosseries dont rêvent ces mêmes quidams et sont au dessus des moyens desdits quidams. Vous me suivez?

Cette logique oniricotypée s’applique aussi aux fantasmes sur pattes kilométriques qui font rêver les amateurs de jolies cylindrées. Je cite: les hôtesses du Salon de l’Auto. Le cru 2015 n’échappera évidemment pas à la puissante règle routinière de la Foire aux Chevaux, n’en déplaise à Joëlle « je pète parfois une durite et ça nous fait une belle jante » Milquet. Chevaux fiscaux, chevaux vapeur(s), je n’y entends que dalle.

Mais qui sont ces belles citadines à portée de mains, sexy, sportives, lustrées et bling bling à la fois?

Il y a peut-être, au détour d’un stand tuné aux clichés testostéronés, une « Charlie » qui fera rêver le beauf aux conditions « salon privé ».

Je sais qu'il y a aussi Clio, étudiante en histoire de l'art. Elle a testé pas mal de jobs minables avant de monnayer un peu de sa classe naturelle, ici, un temps, pour payer son loyer.

Mégane, psychologue en fin de droits à la recherche d’un CDI et accessoirement mère de trois enfants en bas âge. Idem.

Touran, futur(e) star de la si gaie real TV, un peu customisé pour l’occasion et donner le change. Même combat.

Zafira, beau vestige de ses 40 ans, entre collisions, botox, dépression et chimio. De même.

Zoé, un bracelet Gucci au poignet droit, une discrète cicatrice haute couture au poignet gauche.

La route est sinueuse pour les « bombes » anatomiques du Salon de l’Auto. Il en restera, la semaine prochaine, quelques éclats violacés au bas de leurs chevilles. De si discrets éclats, jamais en option et pas à vendre.
Une "jolie femme" est une femme comme les autres. Juste un peu plus jolie et, à l'occasion, fragile.

Je retrouve mon vieux carrosse et bientôt mon salon, le mien. Je regarde mes semblables dans le rétroviseur, l’angle mort et les embouteillages.

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