Je ne vous parlerai pas du passage à l’heure d’hiver, puisque je vous écris très précisément depuis cet espace spatio-temporel de 60 minutes tout flouflou créé par le CERN pour tenter de démontrer l’existence d’univers parallèles se situant dans d’autres dimensions. Autre trou noir du week-end, la souffrance, voire la peste: les courses du samedi.
Je n’irai sans doute pas jusqu’à dire que c’est faire preuve d’une grande intelligence que de s’adonner à cette corvée le samedi matin. Je n’ai jamais été jusqu’à dire que j’étais intelligente. Pour moi, grande aventurière solitaire mais attentive à ses congénères, faire les magasins est depuis peu devenu une activité récréative teintée d’une curiosité un brin perverse. Perverse, moi? Que je vous explique.
Si, comme la plupart des filles, la peur de flétrir ne m’est pas tout à fait étrangère, une joie sadique anticipée s’empare de moi à la seule idée d’être vieille. Mais uniquement le samedi dans les grands magasins. En ce jour de forte affluence, le temple de la consommation se mue en film animalier grandeur nature, foisonnant de spécimens se pliant en troupe au rythme atavique des normes établies. En 1971, le biologiste William Donald Hamilton a affirmé que chaque membre du troupeau réduit le danger pour lui-même en se rapprochant du centre du groupe en fuite. La recherche moderne psychologique et économique a identifié ce même comportement grégaire chez l'homme pour expliquer les phénomènes de grand nombre de personnes qui agissent de la même manière au même moment juste pour sauver leurs fesses. Bande d’égoïstes.
Ainsi donc, les samedis et veilles de jours fériés, le supermarché du coin se transforme en véritable miroir anthropologique de mon quartier et ça me donne de furieuses envies de m’abonner fissa à Plus Magazine, le fanzine des seniors actifs.
Les coursiers du samedi sortent de préférence en famille nombreuse. Ils sont lents car leur lourd caddie déborde des pires horreurs alimentaires et autres têtes de gondole réclamées à grands cris par dix mini-monstres. Ils s’engueulent et sentent des aisselles. Car c’est du sport, n’est-ce pas, de courir dans les travées à la poursuite de leurs diaboliques Chuckys TDHA en manque de Ritaline®. En parlant fort. Plus calmes, les couples biobo de retour de jogging ou de pèlerinage à la brocante vintage, qui n’est plus un pléonasme. En parlant fort dans des smartphones dernière génération pour s’assurer auprès de leur coach de vie qu’il n’y a ni gluten ni lactose ni pesticides ni goût ni plaisir dans la mayo allégée en promo.
Et puis il y a eux. Mes adorables petits vieux des superettes. Ils usent le capital patience des autres et me réconcilieraient presque avec le genre humain. Je ne suis qu’amour pour ces emmerdeurs de première qui font leurs courses bien à l'aise en soirée ou le samedi juste pour emmerder ceux qui n’ont pas que ça à faire. Je bénis les schnocks revanchards en embuscade chez le traiteur entre 12 et 13 heures. De même les vioques à cheveux violets squattant les salons de coiffure aux heures de pointe. Je sanctifie dans la foulée les durs de la feuille et autres victimes de la cataracte qui ralentissent les caisses du Carrouf avec moult bons de réductions et petites pièces rouges.
Aux commandes de mon charriot de feu, je suis Mahatma Gandhi, Mère Teresa et Céline Dion dans une seule âme pétrie de béatitude. Car un jour ce sera moi la vieille dame indigne, maîtresse des queues sans fin s’excitant et s’allongeant frénétiquement dans son dos. Moi la diva du rayon surgelés qui taillera une bavette avec le bel étudiant caissier, me foutant comme de ma première culotte gaînante que la plèbe de 18 heures loupe Plus belle la Vie. Je m’offrirai même le luxe de leur tirer une belle langue piercée au vingtième siècle.
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