Bolduc toi-même

// 23/12/2018

Par Catherine Colard

Tam ti-la-li, ti-la-di de-li-de-lam, voilà le Père Noël!
Quel est le point commun entre le bolduc et la turlute? Plutôt que de faire pleurer dans les chaumières avec mes pires recettes de bûche au foie gras, j’ai choisi en cette fin d’année de nourrir ta culture générale et ton vocabulaire. De quoi briller à table ou éclipser le feu d’artifice. Ne me dis pas merci.

La tendance est au Noël zéro déchet. Et si on recyclait aussi nos souvenirs désuets? Je ne parle pas ici des garçons glaçons et des vains chauds priant la délivrance de l’Immaculée Conception pour espérer me déballer après la messe de minuit.

Quand je pense Noël, je pense cadeaux. Quand je pense cadeaux je pense emballages. Et là, c’est d’apocalypse.

Debbie Lynch-White, dans le rôle de La Bolduc, un film de François Bouvier.

Je vous parle d’un temps où il n’existait pas de tutos « emballages cadeaux trop mignons ».
Les tutos n’existaient pas tout court. Le meilleur et le pire ami des nuls en paquets de dernière minute était alors ce fourbe de bolduc. Ah, le bolduc, ce mince ruban décoratif présenté en bobines infinies destiné à garnir les cadeaux moches de jolis ressorts colorés!

Pour boucler le bolduc, il suffit théoriquement de le faire glisser à plat sur une lame de ciseaux ou de couteau tout en le maintenant fermement avec le pouce. Mais ça c’est dans un monde idéal où je ne m’infiltrerais pas systématiquement à la dernière minute dans la mauvaise file au supermarché.

Victimes collatérales de cet effort aussi cocasse que funeste pour apporter un peu de chic à ma pauvre boîte de chocolats premier prix de chez Aldi : le bout de mon pouce, mon verni à ongles Charnel, mon nouveau canapé en cuir vachette vegan, l’oeil de Bowie (mon chat) et ma santé mentale. Bolduc toi-même!

Ces petits drames de la vie ordinaire des plus exaspérants m’ont rappelé une Gaspésienne inspirante familièrement appelée « La Bolduc ». Tiens donc.

Icône populaire au Québec, révélée en plein coeur de la crise des années 30, cette femme incroyable a écrit, composé, adapté et chanté plus de 300 chansons, a vendu de son vivant d’innombrables disques et a écumé les salles de concerts du Nord au Sud de la Belle Province sans trop se soucier de son emballage.

Passée en l'espace de deux ans de femme au foyer à artiste célèbre, elle a trimballé son inséparable harmonica et ses rengaines sans gaine de salles paroissiales en théâtres, et connut une carrière aussi incroyable que fulgurante. Pauvre, sans beaucoup d’éducation et modeste autodidacte, Mary Rose Anna Travers Bolduc est devenue la toute première « chansonnière » québécoise en partageant ses racines folk, son humour simple et ses engagements de féministe avant l’heure malgré elle. Récemment, sa vie a fait l’objet d’un biopic, elle a son musée et son oeuvre fait l’objet de thèses universitaires. Drôle de buzz.

Mais pourquoi donc exhumer LA Bolduc en cette veille de réveillons, si ce n’est pour son homonymie avec le ruban honni?

Si je te dis que La Mary Bolduc a commis quelques chansons de saison et fut la reine de la turlute, tam ti-la-li, ti-la-di de-li-de-lam, voilà en un seul édito au moins trois excellents sujets de conversation "pop décalés" pour emballer à la veillée ou sous le gui.

Que la pop soit avec vous. Et avec votre esprit Rectangle. Couchez-vous de bonheur.

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