In #beaujolaisnouveau veritas

// 22/11/2016

Par Catherine Colard

Dis donc, LE Beaujolais Nouveau est arrivé ! Fête, liesse et libations. Tagada tsoin tsoin.

« Comme chaque année en même saison » me direz-vous avec raison.

Certes, c’est réglé comme le débarquement des Anglais. A la mi-novembre, le gros rouge qui tache les serviettes coule à flots. Sonnez gueules de bois, résonnez piquettes, il est revenu le Divin Enfant !

« Et il repart quand ? » ironiseront les bien-pensants du verre à pied et autres pisse-vinaigre. En vain. Car même si le picrate neuf se vend deux fois moins qu'en 2006, malgré le #beaujolaisnouveaubashing de bon ton et la mode du vintage, une seule question court sur toutes les lèvres pas encore entachées de carmin: « alors, il est comment le Beaujolais Nouveau cette année ? Hein ? »

Au bar, c’est l’estocade. Les habitués se prennent tous pour des oenologues. Monsieur Jean-Pierre fait tourner lentement le breuvage dans son verre et sa langue dans la bouche de qui veut l'entendre avant d'asséner un imperturbable: « Banane, groseille, framboise ou asperge, la cuvée 2016 ? Piment d'Espelette peut-être ? »

Et pourquoi pas sauce Dallas, Canard WC ou fil à couper le beurre, JP ? Ou un peu de tout, soyons saouls.
Et si cette année, en primeur, il goûtait enfin le pinard, ce sacré beaujolpif ? S’ils en avaient VRAIMENT mis dedans, du raisin, dis ? Un truc de oufs. Révolution dans les canalisations, fini le mal au fillon (mais ça c’est une autre histoire).

Juste un doigt de ce nectar pour moi, Roger. Car le vin rouge, ça me rend un peu nunuche et me porte à me poser d’autres questions d'origine incontrôlée. Pourquoi je préfère toujours celui de l’année dernière ? Parce qu’il était plus nouveau avant ? Parce que j’ai des goûts de vieille cave ? Et si les gens du Beaujolais en ressortent un petit nouveau chaque année, est-ce parce que le précédent était tellement dégueulasse ? Prématuré ? Pourquoi insister ?
Errare humanum est, perseverare diabolicum.

Quelques heures, lichettes et canons plus tard, ça y est, mon corps a ingurgité sa dose journalière d’au moins 5 fruits et légumes. Et, oh tiens, mon pote bistronome locavore barbu en culottes courtes, tatoueur à ses heures, m'a écrit un truc sur le front.
« Vaut-il mieux se prendre un coup de jeune ou un coup de vieux ? »

Je reprends vos copies dans un an.

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