La foire aux vacances

// 29/06/2015

Par Catherine Colard

La saison vient de changer de nom et la ville commence à se vider. Comme Paris chez Aznavour. Enfin. Presque. Bientôt elle sera mienne. Je sais pas vous, mais moi j’ai un peu de mal avec les vacances.

Loin de moi l’idée de faire un égoïste déni de vacances puisque c’est mon choix de rester ici. Comme disait Lao-Tseu, pourquoi aller chercher à Perpète-les-Bains ce qu'on trouve en bas de chez soi sans se baisser? Et si je vis au rez-de-chaussée, rien ne m’empêchera de prendre un peu de hauteur sur le vacancier lambda, ne serait-ce qu’en réduisant les pertes de temps dans les aéroports et mes émissions de gaz carbonique. Ne me dites pas que ce désintérêt dénote chez moi une peur de l’inconnu, un grand besoin de sécurité voire même un refus de grandir. Je vais très bien, merci.

C’est juste qu’il y a TOUJOURS un truc qui foire avec les vacances.

Petit tour operator des réjouissances?

Je n’ai jamais adhéré à ce plaisir masochiste consistant à faire des heures supplémentaires toute l’année puis des heures de bouchons pour aller entretenir son mélanome sur une plage infestée d’humains saucissonnés dans des aberrations textiles de type Desigual en stretch. Les odeurs de monoï et de mojito frelatés m’insupportent autant que les gamins et autres chiens stupides auxquels il faudrait sourire pour faire genre je suis une nana sympa alors qu’ils viennent d’ensevelir mon auguste carcasse sous un tas de sable blanc.

Plus malins, certain(e)s aimeront joindre l’utile à l’agréable en rejoignant un pays plus ou moins lointain pour améliorer avec l’autochtone leur connaissance de la grammaire locale. Optez pour ce programme d’échange(s) linguistiques uniquement si vous avez un objectif précis: faire tomber les barrières culturelles en roulant des pelles à des inconnus et perfectionner votre pratique de la langue dans une autre bouche que la vôtre. Le module "body language et usage sans faute du préservatif" fait partie du package.

Si vous êtes distrait et peu enclin à l’aventure, ne jamais au grand jamais confondre Kemer et Khmer du Nord sous peine d’amère déconfiture à l’atterrissage. Club Med turc ou tuk tuk sauvage dans le fin fond de la Thaïlande, il faut choisir.
De même, trek dans les bois n’est pas synonyme de table de jardin en teck. Passez votre tour et restez à la case départ: mieux vaut un petit cafard urbain chez Monsieur Brico que la soupe aux cafards dans une guest-house pourrite.

Je vous déconseille par ailleurs la retraite mystico-détox seul(e) ou à seize avec UNE toilette sèche ainsi que le festival mastodonte dans la gadoue, dont l’affiche infestée de nouveaux groupes hype vous donnera la colique dès la mi-août.

Et caetera. Parce que zut. Je ne suis pas la Guide du Routard. Et le pire avec les vacances, après tout ça, c’est encore d’en revenir indemnes.

Je vous laisse, j’ai piscine avec un requin blanc et mon selfishstick.

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