Pas de souci, madame la marquise

// 03/10/2021

Par Catherine Colard

Je déclare officiellement ouverte la saison malaisante des embouteillages, des choux et des « pas de souci ». Pas de souci mon cul ! A chaque « pas de souci » écrit ou prononcé se produit son parfait contraire : l’apparition d’un souci. On n’est plus à une contradiction près.

Cela fait 15 ans, à la grosse louche, que ce furoncle linguistique fourbe et anti feng shui squatte nos mails et nos conversations. Il est grand temps de regarder la réalité en face : pas de souci égale plus de soucis.



L’expression « pas de souci », « pas de souci(s) » ou même, soyons audacieux « pas de sushis », me stresse autant qu’elle me plonge dans des abysses de perplexité. A chaque fois que je lis ou entends cette formule paradoxale, non seulement un chaton meurt dans d’atroces souffrances, mais surtout mes poils se dressent : « vade retro, hypocrite flemmard ! » Ton « pas de souci » et ses perfides synonymes « no stress » ou « tracasse » sont plus terrifiants pour moi qu’un « Olala, fais gaffe ! » Pourquoi me parler de souci s’il n’y en a pas, hein ? C’est sans doute parce qu’au fond, il y en a bien un, voire plusieurs, et tellement énorme que tu veux absolument me le cacher. Donc tu crées un problème sensé ne pas exister. Quelle catastrophe paroxysmique, quel tsunami imminent mets-tu sous le tapis ? La saison des embouteillages, des choux et des « pas de souci » ?
Tout va très bien, madame la marquise.



Photo Maria Teneva sur Unsplash

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