Ex-files

Plus que quelques fois dormir et youpi-hourra, arrivera ce soir béni-oui-oui où l’on (se) sent toutes et tous un peu comme des serpillères usagées. Limées, ruinées, vidées mais pas comblées. Voire comme une dinde farcie abandonnée depuis Noël 2012 au fond du dernier tiroir du congèle. Ou, c'est selon, un figurant congédié de Poubelle la Vie. L’évier, le bar te laissant seul(e).

Bref.
Soit tu es l’éternelle plaquée de la bande et cette année encore, le 14 février, tu pleureras tous les fluides de ton corps, t’épanchant sous la couette monoplace auprès d’Adèle et de Bridget, telle une vieille synovie après une entorse au contrat.

Soit tu es l’autre l’éternelle célibataire de la bande et tu fêteras la Saint-Valentin avec tes fidèles copines célib’ et les leur(e)s. Dans un troquet un peu glauque et l’espoir secret, sans doute, d’enfin découvrir les plaisirs saphiques.
Petit aparté : ceci est évidemment valable pour les éternels célibataires de la bande de sexe masculin. Et dans « bande » il y a « ba pourquoi pas? » Fin de l’aparté.

Soit tu es « en couple » depuis plus de 3 ans et je ne peux rien pour toi. D’ailleurs tu ne me lis probablement pas puisque c’est l’heure du bain.

Moi ça va. J’ai fait appel à un coach en design chamanique et réaménagé ma chambre selon les règles du Feng Shui pour caresser le côté rose de la Force.

Même à l’époque, pas si lointaine, où j’avais une activité sentimentale relativement stable en cette rude période de l’année, je me suis toujours demandé pourquoi donc « les gens » balisent tant à l’idée de passer la Saint-Valentin tout (= totalement) seuls. Lorie, ma chérie, tu leur expliques pourquoi moi j’préfère rester toute seule ce jour-là plutôt que de me coltiner un prince charmant qui n’en a rien à foutre de ces machins commerciaux (dixit) mais ne crachera qu’en paroles sur la rêche lingerie rouge pupute dénichée en fin de fin de fin des soldes?

Pourtant, pas plus tard qu’hier soir, j’ai rencontré l’homme parfait. Sur Facebook. A la faveur d’un dimanche crapoteux, il m’a fait une demande d’amitié comme on écrirait une lettre de motivation mais en plus bref. Son nom me disait bien quelque-chose. N’écoutant que mon grand coeur, j’ai disséqué le profil de mon ex au scalpel en regardant les Experts Amis Amis.

Wham! Bam! L’ex king of the divan a troqué ses jolies boucles sauvages et son imitation caliente de Bernard Lavilliers contre une desperate housewife botoxée, un CV qui fleure bon le pognon et des photos parfaites de vacances « au ski ».
J’ai toujours eu du mal avec le ski et cette expression ridicule. C’est décidé, cet été je pars en vacances à la serviette de plage.

Car j’ai enfin trouvé une vocation lucrative: je rends mes ex parfaits et parfaitement chiants. Testés et désapprouvés, j’affine, je dégrossis et je sublime ces pauvres êtres en devenir.
De rien.

Prenez et likez-en toutes, je vous ai bien mâché la tache.

(Aucun ex n'a été maltraité durant la rédaction de cet édito)