Faites vos vieux !

// 21/11/2018

Par Catherine Colard

Les soirées allongent et le moral raccourcit à l’avenant. Les heures interminables entre deux insomnuits sont propices aux hivernales questions existentielles. Ai-je l’air vieille? Suis-je vieille? Quand est-ce qu’on est vieux? La vieillitude, c’est bath? Boule à paillettes ou star à facettes, je vous le demande.

Le temps passe et j’ai exactement l’âge qu’avaient mes parents quand j’ai commencé à les trouver vieux. Mais ce n’est pas si grave. De toute façon, je ne me souviens pas spontanément de mon âge, na. Je n’ai jamais eu la mémoire des chiffres et c’est pas près de s’arranger. J’aime appeler les jeunes « les jeunes » et je les aime. En tout état de cause, je sors essentiellement avec des « jeunes ». Plus précisément, j’effectue la plupart de mes sorties avec des individus qui pourraient allègrement être mes enfants et j’en ai adopté quelques-un(e)s, qui se reconnaîtront. Je fréquente donc des soirées « jeunes », fringuée en presque jeune - super concert fiévreux de mon ami Mustii samedi, galerie nomade arty & funky « L’Appartement » dimanche, et plus si affinités.

Mais là, je ris jaune. NON, pas parce que j’ai rencontré les frères Bogdanoff en vrai. Et encore moins parce que cette fraîcheur de 15 ans sapée comme Angèle (ou était-ce LA VRAIE adulée acidulée ANGELE?) m’a demandé du bout de son rose minois mi-complice, mi-condescendant : « VOUS auriez pas une clope pour moi s’il VOUS plaît MADAME ? »

Pas plus parce que des potes m’ont invitée à la teuf (avec disc jockey) organisée pour leurs noces d’argent. Et moins encore sous le fallacieux prétexte de cette soudaine explosion de mon budget colo chez le coiffeur. Juste un twist.

Sérieux! Je ris « djeune » parce que désormais, cet inexorable iconoclaste ne suspend plus son vol, bien cool, QUE au-dessus de ma tête de « kikou toi ». C’est le JT qui me l’a dit, ma jeunesse et moi entrons déjà au musée, dans des expos forcément kitsch, et les idoles de mon adolescence font l’objet de Bohemian biopics. Ou de t-shirts Blondie vendus par milliers sous l’étiquette « vintage ».

Suis-je vintage pour autant? Fausse jeune ou vraie ringarde? Ancêtre ou anticipatrice de la hype de demain matin?

Je le prends plutôt bien. Cet engouement pour les boules à paillettes et stars à facettes de ma splendeur d’antan me rappelle que j’ai été super bath avant Snapchat. Qui rime plus ou moins avec Fleurs de Bach, en prélude à une tisane night fever dans laquelle je me plonge jusqu’au cou. Avec une petite crème reliftante et le podcast très discothèque de Marc Morgan/Wathieu ;-)

/// Illustration Benjamin Schoos aka Miam Monster Miam ///

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