Baffe dans ton interface

// 19/01/2021

Par Catherine Colard

Certes, c’est en anglais. Mais c’est quoi que tu n’as pas compris dans le mot week-end ? Comme tes proches cousins qui n’ont pas tout compris dans « porte ton masque sur le nez », tu ferais pas une sérieuse mise à jour du célèbre « Le Savoir-vivre 2.0 » de Nadine de Rothschild ?

Si les Internets ont réduit la théorie des 6 degrés de séparation à peau de chagrin, il en va de même de la politesse : rien du tout, nada, peau de balle ! Il est désormais possible d’être à 1 petit degré seulement de la personne avec laquelle on veut communiquer, même si celle-ci n’en a absolument rien à cirer. De préférence moi.

Et étrangement, allez savoir pourquoi, c’est toujours LE week-end, LE SEUL week-end où j’ai décidé de m’ennuyer (et donc de ne strictement RIEN faire) que le bip de mon téléphone intelligent, ce con, m’indique une intempestive notification Facebook. Et oh, surprise, un message privé ! Au cas où j’aurais un soudain besoin vital d’écouter ton nouveau son proche du degré zéro d’intérêt (ta dernière daube, N.D.L.R.) pile à cette acmé de béatitude qu’est l’instant où je plonge mon petit corps dans un bain de mousse avec du vin qui mousse en écoutant du Paganini. Tu pisses dans un violon, cher ami !



Si j’étais charitable, voire gentille, je pourrais éventuellement envisager de donner une pichenette à ta minime chance de peut-être participer au casting de The Voice Turkménistan en 2024. Car toi aussi, petit être transparent qui ne sers à rien, tu as le droit de rêver.
Mais où sont les mots magiques aptes à huiler la clé de ma grandeur d’âme ? Où est le précieux « sésame ouvre-toi » dont les codes sont « bonjour », « s’il te plaît » et « merci » ? La politesse, c’est à moi de la deviner en fait ?

Comme si le reflet bleu de Facebook dans tes lunettes t’exonérait de la politesse.

Comme si l’auto-érotisme avec ta petite souris entre les doigts te dispensait d’être agréable.

Baffe dans ton interface, oui !

Toi qui me lis et qui m’envoies des fucking messages privés inutiles à pas d'heure le week-end au cas où tu t’inquièterais de savoir si je dors à 2 heures du matin un samedi de couvre-feu, la réponse est OUI. Avec ma copine Nadine de R., je te renvoie à la vraie vie, à l’étiquette et au bon vieux « mouche ton nez, dis bonjour à la dame ».

« Je ne suis pas sympa? Tant pis pour moi. »
(Jean-Pierre Bacri)


Photo by Jon Tyson on Unsplash

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