Dimanche, avec ou sans péridurale ?

// 01/10/2017

Par Catherine Colard

Mes amis ne sont pas tous sains d’esprit. La preuve encore, ce dimanche qui jamais mieux qu’aujourd’hui n’aura mérité sa définition de « jour qui ne sert à rien ».

Un an après son enterrement de vie de jeune fille, son bridal shower et son after wedding party, ma copine X a réinvité tout le monde (enfin, que les nanas) pour son baby shower. Comme chez les Beyoncé/Jay-Z ou chez les Shrek. 3.

Si vous l’ignorez encore (au temps pour moi), le baby shower est un de ces nouveaux phénomènes de mode so girly importés des séries US vintage. Une sorte de rituel social pour trentenaires aux hormones narcissiques célébré entre potines peu avant la naissance du divin rejeton enfanté dans quelques jours/heures/minutes par l'une d'entre elles.

Baby shower ? Naïve nullipare, j’ai longtemps cru qu’il s’agissait une douche spécialement conçue pour les bébés. Une douche sous laquelle on chante, en somme, mais en beaucoup plus petit.
Je me suis aussi interrogée sur ce concept saugrenu consistant, pensais-je, à montrer sur Facebook un foetus, par définition calé entre son embryogenèse et son premier cri, et donc invisible à l’oeil nu.
Absurde n’est-il pas ?
A moins d’organiser une vraie soirée échographies entre filles allumées, comme autrefois les soirées projections de dias de vacances autour d'un verre d'Izzara vert (ce qui n'est pas intrinsèquement incompatible). Ou de s’offrir une impression 3D dudit foetus. J'ai des adresses.

Que nenni ! Ce dimanche, j’ai appris à mes dépends et à ceux de ma carte de crédit qu’il est question d’une « douche de cadeaux » pour le chiard à venir et la future desperate housewife prête à enfanter la xième merveille du monde.
J’ai raqué. J’ai fait un emprunt. Puis j’ai vomi.

Cris d’hystérie à la remise des cadeaux.
Cris d’hystérie à la révélation du sexe du marmot, délicatement suggéré par la couleur des fanions et ballons décoratifs. Bien entendu à profusion de rose ou de bleu, c’est selon. Ma copine X, blogueuse mode et beauté bien connue, a quant à elle opté pour le « gender reveal nails », histoire de briser le suspense avec style et doigté.
Re-cris d’hystérie à la révélation du prénom du baby. Des parrains et marraines. Du gynéco, de l'anesthésiste et de la doula. Youpla !

Le gâteau en multiples couches lavables bio, évidemment non comestible, les cupcakes au coulis de fruits rouges dont émerge la tête d’un avorton (je suis perplexe) et le belly body painting seront évidemment instagrammés sous tous les angles et toutes les coutures (je meurs). Avant MA première contraction.

La profusion de potins sur des sujets sans aucun sens commun ont eu raison de mes tympans sensibles. Avec ou sans péridurale ? La césarienne, in ou out ? Le champagne sans alcool, je peux ? Les accouchements sont-ils vraiment plus nombreux les nuits de pleine lune ?

J’ai tourné de l’oeil. J’ai oublié le sexe et le prénom et même les miens.
Je vous écris du plus profond de ma soirée pyjama en tête-à-tête avec moi-même. Après, j’irai chanter « Fontaine de Lait » sous ma douche.

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