J’ai fait la Foire

// 09/10/2018

Par Catherine Colard

Toi et toi et peut-être toi qui me lisez parfois l’aurez compris: je suis une adepte des sensations fortes. Après avoir payé de ma personne au Salon de l’Erotisme, j’ai testé pour vous: ne pas mourir d’ennui à la Foire de Liège. Et pourtant, pourtant... Retour sur un dimanche moins vibrant qu’un canard en plastique dans ma très vielle baignoire rue Sarasate. Foireux, vous avez dit foireux?

Mes amis, mes amours, mes emmerdes vous le confirmeront: « Adrénaline » est mon second prénom. Puis j’aime encore bien la reprise disruptive de « Mon manège à moi » par Daho. Après les strings très tendus au Salon du Q, je me suis laissée aller aux plaisirs démodés. A savoir l’incontournable Foire d’Octobre de Liège (qui s’incruste jusqu’en novembre).

De Piaf à pigeons, il n’y a qu’un pas, aussi intense qu’une odeur persistante de frites surgelées incrustée dans mon complet bleu du dernier cri en alpaga éco-responsable à 400 patates.

Grosse pomme de désamour sur la Foire, les Groseille, dont ce n’est pourtant pas la saison, à l’inverse de leur cousin le petit con, ou petit rond (délicieux en soupe gratinée aux croûtons-lardons). Particulièrement riche en tatouages moches, mioches et dogues hérissés de piquants, cette espèce typique « des gens qui » de la Foire se nourrit exclusivement de châtaignes, de marrons chauds et de mitraillettes sauce ninja. Leur mystérieux cri de ralliement est « Qu’est-ce qu’on beauf? », dont le croustillant écho vocoderisé par Mètre Gims hante des kilomètres de trains fantômes, histoire de bien bien s’imprégner de l’esprit d’Halloween post-gothique en promo chez Aldi.

C’était mieux avant?
Je vous parle d'un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. La Foire en ce temps-là, exhibait d’autre cas. D’autres freakshows. Hier encore, des lutteurs plus ou moins fake choisis parmi la foule des chalands pour se mesurer aux vrais géants. Les faux frères d’Ardenne siamois de Bastongne. L’homme à pattes d’éléphant en velours côtelé. Le camé Léon et ses Salt and Banks en haut de l’affiche. Les femmes exhibées sous leur plafond de verre et autres mystérieuses anomalies.

« Misère », comme ils disent. Fort Boyard et la recherche scientifique quant aux mutations génétiques ont conduit au déclin du freakshow à l’ancienne. Mais la Grande Roue tourne. Radio Rectangle et Freaksville Records furent vite élues pour ressusciter les envies de freakseries moins pénibles au réveil.

Illustration Miam Monster Miam vintage

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