Sots d’obstacles

Sus aux bar(re)barismes dans ma radio !
Je l’entends chaque jour sur les ondes ou à la télé, sauf sur Radio Rectangle qui évidemment sait se montrer à la hauteur: « Il a placé la barre très haute », « La barre a été mise très haute ». Tellement haute que j’en ai des hauts le coeur!

Selon le bon usage, une barre très haute est une barre de très grande taille, ou encore une barre de taille quelconque installée en hauteur, par exemple dans un cirque, dans un dressing ou une production Jacquie et Michel. J’envoie les chroniqueurs sportifs et autres minus de la téléréalité s’y pendre haut et court à chaque fois qu’ils écorchent l’expression « placer la barre haut ». En toute candeur, certes, et même avec beaucoup d’application. Je suis sens dessus dessous.

Sans péter plus haut que mon cul, je vous invite à prendre un peu de hauteur.

L’expression « placer la barre haut », apparue au XXe siècle, fait référence à l'épreuve du saut en hauteur, consistant à franchir une barre horizontale... très haute. Ayant rapidement quitté le seul domaine sportif, elle s'emploie en toute situation et au sens figuré en politique ou dans The Voice. Le bon vieux dictionnaire Littré, lui, attire notre attention sur la locution plus ancienne « Haut la barre ! », commandement que l’on criait autrefois au timonier quand on voulait qu'il tînt la barre du gouvernail dans le plan de la quille du navire.

Haut les coeurs, sursum corda, cheer up ! Ce n’est pourtant pas bien compliqué et l'écriture inclusive n'y est pour rien.
L’expression « très haut », dans notre exemple, précise le sens du verbe placer. Elle est donc adverbiale, puisque les adverbes précisent le sens des verbes et des adjectifs. Or les adverbes sont invariables. Ainsi, haut ne se met pas ici au féminin. En revanche, si vous dites qu’après avoir été placée très haut, la barre est très haute, vous remontez dans mon estime.
Jusqu’à lundi prochain...