J’suis paparano, chou

// 25/02/2020

Par Catherine Colard

A quoi ça sert la frite si t'as pas les moules ? Ça sert à quoi l'cochonnet si t'as pas les boules ? C'est quoi une star sans paparazzi ? Et sans potée au chou, un gras mardi ?

Aura, attitude, frissons : va, tout s'en va. On oublie le visage et l'on oublie la voix. Sans la mouche du coach et sans les photographes, le mythe se détricote et les mites prennent du terrain. La star sans ses paparazzi perd sa raison et celle d’être. Impensable, quitte à s’auto-paparazzer.

Ainsi, la semaine dernière, munie de mon carton d’invitation numérique, foulai-je le tapis rouge et noir de monde de LA soirée place to be, avec quelques amis presqu’aussi people que moi. Presque. Arborant avec désinvolture un chanteur belge accroché à mon bras droit et à l’autre mon dernier it-bag, je plongeai avec délices les doigts dans le nouvel enfer des parties VIP : le trio Cava, finger food et influenceuses que je ne connais pas. Sex & drugs & rock’n roll, so passé !

Sans cracher dans la soupe, ce fut évidemment une soirée mémorable. Mais.

Le lendemain matin
, le pouce et l’index encore gras des mini-nems sur lit de truffes, ma choucroute de pin-up rock juste échevelée comme il faut, j’attendais mon date devant les Guillemins. Vous savez, LA gare la plus photographiée au monde. Un obsédé de l’objectif, l’air fourbe, a soudain dégainé son bel engin made in Japan. Sans doute aucun était-il venu de très loin, bravant les virus à la mode, pour shooter sous un nouvel angle cet édifice ferroviaire dans le vent.
Que nenni ! Dépourvu de tout amour-propre et du moindre sens commun, fasciné qu’il était par ma belle gueule de bois de star underground, c’est sur la dernière paillette de la veille que ce type a sciemment fait la mise au point.



Dans quel tabloïd, dans quelle feuille de chou apparaîtrai-je encore cette fois ? Mais SURTOUT, quelle mouche a piqué ce pathétique iconoclaste du papier glacé pour figer mon charisme fané sous une température ressentie de moins dix ? J’ai bien une idée…



L'hystérique dévoué corps et âme à ma légende, prêt à tout pour photographier son idole (mwa), quitte à braver les horaires foireux de la SNCB, n’a pas la moindre idée de la tradition de bon goût qui donne le LA en Wallifornie en ce Mardi Gras : la potée au chou (al djote).

Vert (toujours), frisé (évidemment), kale (le même en plus coûteux, version foodies healthy 2017), le chou en potée se consomme de préférence entre potes en écoutant du Gainsbourg pour ne pas être mangés par les mouchettes l’été suivant (po n'nin èsse magnî dès mohètes). Ceci est peut-être parvenu à vos oreilles de pauvres gueux.

Car c’est scientifiquement prouvé : les feuilles de chou contiennent de la vitamine C et des caroténoïdes qui travaillent au niveau des muqueuses et des cellules et aident à lutter contre les virus et les bactéries. Aussi de la vitamine K dedans, de la lutéine et du bêtacarotène, qui limitent le vieillissement prématuré et permettent effectivement de garder un cerveau en bonne santé plus longtemps.
Sans me la péter, tels sont mes secrets du mardi pour éviter les ennuis avant de descendre le mercredi.

Chouette alors ! Et comme je viens de retrouver mon portrait signé par un certain Andy W. (ou presque), qui nous a quittés il y a tout juste 33 ans, je dis « Wo-o-o-o-o, chou chéri, dis-moi oui * ».



Ton quart d’heure de gloire passera donc cette fois par la recette de la potée au chou, chéri. Dis-moi merci.

* Même si la chanson des Rita parle d’un tout autre Andy, mais ça c’est une autre histoire.

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