J’aime j’aime la vie

// 04/05/2017

Par Catherine Colard

Hey dis! Me voici déjà de retour d’une folle semaine en Belgique, en grand décalage horaire mais sans les inconvénients du trajet, et les valises remplies de souvenirs 100% noir-jaune-rouge. Vous pouvez d’ailleurs les réécouter une fois, ou plus, et même les podcaster ad vitam ici-même sur Radio Rectangle. Merci à mes belges compagnons de voyage, compatriotes couchsurfers et backpackers des ondes. Mettez la bière au frais, je reviens chez vous dans pile un an. Si tout va bien.

Je dis ça je dis rien, mais il semblerait qu’une ombre plane sur l’organisation de ma quinzaine à venir. Lentement, les ailes déployées, lentement, je la vois tournoyer. MARINE! Nom d’un oiseau de mauvais augure! Avez-vous seulement pensé qu’une victoire de Marine ce dimanche 7 mai entraînerait très très rapidement la Fraaance, et ma petite personne, dans un engrenage infernal que rien ne pourrait arrêter? Qu’adviendrait-il de l’Eurovision, par exemple. Le climax de ma morne existence de groupie accro aux sequins, le concours de chansons le plus WTF de tous les temps, la cérémonie la plus étrange au regard des défilés de majorettes satanistes et des cosplays précolombiens. Que va devenir mon Eurovision, en cas de Frexit? Déjà que l’hôte ukrainien fait des chichis diplomatiques avec son voisin russe, dont la candidate est persona non grata à Kiev et se contentera donc de pousser la chansonnette sous sa douche. Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes. Je dis ça. En cas de Frexit, c’est le « Requiem » (qui rime avec « haime »), titre prémonitoire, s’il en est, élu par la délégation française. Adieu Stéphane Bern, en berne les choristes moulés de satinette, bye bye les comptes d’apothicaires dyscalculiques jusqu’à plus d’heure, réfrénés à la schlague les refrains froufroutants et les arcs-en ciel télévisuels. Beaux messieurs, belles dames, c’est Waterloo dans ma tête. Je suis inquiète, je me maquille et fume une cigarette.

« Non mais allo quoi, avec des si... », me chuchotent Céline Dion et Sandra Kim en stéréo par satellites et par câbles blindés.

« Sache, ma petite, que bien de jolis artistes participent à l’aise à l’Eurovision depuis des années alors que leurs jolies contrées ne sont pas membres de l'Union européenne, voire même sont géographiquement de l’autre côté du monde, dans des pays où il ne pleut que des perles de pluie. L’Islande, l’Australie, toussa. Tu vois? »

Ouf, je suis une licorne, je fais pipi à paillettes et mon Eurovision 2017 est sauvée. Même que, c’est merveilleux, l’accorte Ukraine garantit un accueil particulièrement festif et gay friendly à cette cérémonie marquée du sceau de la tolérance, à ses artistes et à ses fans de tous bords. « Celebrate diversity », dit le slogan de l’événement, qui cette année sera animé par trois présentateurs masculins. On y croit? Dites, Dana et Conchita, on y croit hein, même si, pour la commission nationale chargée de la protection de la moralité publique en Ukraine, Bob l’Eponge et son pote Patrick seraient gays et représenteraient ainsi une menace pour les petits nenfants. Mais ce n’est rien, qu’un dessin animé.

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