​ Le diable est dans les détails

// 31/10/2021

Par Catherine Colard

La nuit promet d’être belle. Passons à table, ambigus hôtes et hôtes. Champagne !

Le bal de Halloween battait et faisait hier son plein de satyres joufflus, boucs émissaires, gargouilles émues et fières gorgones. Tenue de suaire obligatoire pour tout le commun des mortels. 


Nous étions là un peu par hasard, avec mes amies sorcières, conviées par la plus insatiable d’entre nous à déguster quelques vipères écarlates. Notre infernal appétit de frénésie bacchanale charmant nos âmes envahies par la mélancolie nous mena, vers minuit, à discourir d'un air entendu sur la tradition de Halloween en Alabama, sur Jacques Higelin et d’autres idoles décédées. Plaisir infernal que de convoquer ainsi autour notre table tournante ces délicieux hôtes à consommer sans modération. 



C’est là que les problèmes ont commencé : le diable, c’est bien connu, est dans les détails. Entre lubriques vestales et valets volages, qui d’entre nous, ce soir, était l’hôte de qui ? Le mot « hôte » est doublement pervers, lui qui peut aussi bien désigner la personne qui offre l’hospitalité que celle qui est reçue. L’hôte de l’un est fatalement l’hôte de l’autre et vice versa. Sauf au féminin, où le terme « hôtesse » revient exclusivement à celle qui accueille, mais la plupart du temps dans un avion ou dans un bar… à champagne ! 



Devant tant de problèmes et de malentendus lexicaux, les dieux et les diables en sont venus à douter d’eux-mêmes.

Esprits, je vous remercie de m'avoir si bien reçue. Cocher lugubre et bossu, déposez-moi au manoir ! Mon sombre hôte travailleur de la nuit honore déjà mon portail avec un bouquet d'ail.


(Larges emprunts à « Champagne » de Jacques Higelin)

Photo by Mario Mendez on Unsplash

RETOUR

ARCHIVES

Avec le soutien de
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles service des musiques non classiques
Top