Fatal trombone et piano à bretelles

// 15/09/2019

Par Catherine Colard

Ce vendredi, les programmateurs des Fêtes de Wallagonie* à Liéch avaient mis les petits pieds dans les grands pour faire frétiller nos oreilles, tels de frais poissons frits. Du rap en wallon ? Nenni 16 ! Une « Méga Guinguette ». Chauffe Marcel.

Plus cigale que fourmi, la promesse d’une soirée guinguette guillerette avec Jean Gabin, Arletty, Casque d’Or et du petit vin blanc qu’on boit sous les tonnelles quand les filles sont belles du côté de Nogent me mettait tout en joie. Une frivolité n’a jamais fait de tort à personne que je sache. Je me voyais déjà un peu grise et le rose aux joues, guinchant au son de l’accordéon sous de jolies loupiotes avec de vilains titis en canotier. Il y aurait des nappes à carreaux, des petits plats canaille et nous serions pour sûr immortalisés par Goldo, l’Auguste Renoir liégeois.

Mais à Liège, la guinguette a fermé ses volets. Ouste le charme des petits bals des bords de Marne et ses airs de chromos : le « concept » parigot a été mis à la sauce lapin. Ce sera donc soirée DJ avec en guest-star, après sa tournée des campings du Cap d’Agde, un ancien clown que je n’ai jamais trouvé drôle : Fatal Bazooka, aka Michaël Youn. La nostalgie n’est décidément plus ce qu’elle était.

Gabin dans "La Belle Équipe" de Julien Duvivier

Je ne me laisse jamais abattre par un mauvais goût du sort. Et encore moins par un bazooka. Ce sinistre zouave envahissant ma ville avec ses trois bêtes tubes m’a inspiré une nouvelle minute gai savoir.

Pour le commun des mortels, le bazooka est un lance-roquettes transportable notamment utilisé par les Américains lors de la deuxième guerre mondiale pour dégommer les blindés allemands. Pourtant, l’origine du nom bazooka est bien plus pacifique, puisque musicale. C’est que l’inventeur de l’arme antichars en forme de tube a piqué le petit nom d’une autre invention américaine tubesque, celle-ci signée Bob Burns. Non non, pas le premier batteur de Lynyrd Skynyrd, mais bien un musicien et fantaisiste populaire aux States dans les années 30. Enfant, Bob Burns fabriquait ses propres instruments avec ses petites mains. En 1918, Bob bidouilla pour le groupe dans lequel il jouait un genre de trombone avec deux tubes en cuivre et un entonnoir. Inspiré par le son émis par son truc à coulisse, il le baptisa « bazooka » en référence au mot d’argot « bazoo », autrement dit « bouche » ou « bavard ». C’est donc pour sa ressemblance avec cet instrument de musique que l’instrument de mort fut surnommé « bazooka ». Dingue, non?

De la musique avant et après toute chose. Roger, un muscadet !


* Merci Jacques Charlier

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