« Aime-moi mais ne sois pas comme moi », chantait Johnny Hallyday dans Il ne faut pas me ressembler. Nul besoin d’être client chez Optic 2000 pour constater, à la vue de la sculpture hommage érigée en hommage à l’idole des anciens jeunes, que le vœu de Jojo a bel et bien été exaucé.
Alors comme ça l’indéboulonnable taulier est statufié. L’artiste qui s’est collé à la tâche, plutôt que d’allumer le feu pour couler un vrai bronze, gratifie l’espace public d’une petite merde pseudo-conceptuelle sans qualités plastiques. Cette composition maladroite intitulée Quelque chose de, évoquant la copulation d’une Harley et d’un manche de guitare, devait pourtant matérialiser, selon la veuve du chanteur, « la quintessence de ce à quoi Johnny aspirait. » Le totem post-moderne laisse cependant sans voix. Non qu’il coupe le souffle, du tout. Disons plus simplement que le truc manque d'air et ne touche pas la corde sensible. Et pour une gratte ça la fout mal. Tout au plus cette création bancale de Bertrand Lavier suggèrerait que Johnny roulait comme un manche et chantait comme un moteur de Fat Boy encrassé.

Il y a une dizaine d’année, à l’occasion de sa rétrospective au Centre Pompidou, le plasticien bricolo confiait à Paris Match, à propos d’une de ses oeuvres consistant en un petit menhir posé sur un frigo : « Il s’agit bien d’un objet posé sur un socle. Ça répond précisément à la définition élémentaire de ce qu’est une sculpture. » Certes. Et certes, depuis l’antiquité, l’humain joue les alchimistes, tentant de transformer en or des matériaux sans valeur. Un peu plus tard, dans ses Fleurs du Mal, Baudelaire transfigurait le laid en beau. Mais on ne peut pas gagner à tous les coups. Ici, dommage, on a un hommage momoche échafaudé par un type qui a étudié l’horticulture et n’a jamais cessé de tenter des greffes entre objets hybrides.
Plutôt qu’un (déjà ) aboli bibelot d’inanité sonore* néo-moche, ni premier, ni second degré, sans grâce, ni émotion, ni un zeste de twist, on aurait préféré un hommage, même joli-laid, taillé dans le rock. Suis-je à côté de la plaque (commémorative) ?
* Extrait de Sonnet en X de Stéphane Mallarmé
Photo: Emile Guillemot sur Unsplash
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