Qui c’est celui-là ?

// 12/10/2015

Par Catherine Colard

Ma vie quotidienne et néanmoins trépidante est pavée de bonnes intentions mais aussi d’épreuves a priori extrêmement incommodantes. De ces situations possiblement inconfortables qui donneraient presqu’envie de claquer nos économies dans un aller simple pour Koh-Lanta.

Les stay-up victimes de la gravité en pleine heure de pointe dans le métro? Un type même pas aviné qui te prend pour la belle-fille de ta copine? Faire pipi en robe à paillettes sur un présumé chemin de campagne s’avérant aux aurores une piste cyclable?
C’est léger.

Pire que les menstruations inopinées un 14 février ou que la crotte de chien moulée sous la Creeper de ton charmant rendez-vous du jour, je cite: confondre les « gens ». C’est peut-être un détail pour vous, mais ces véritables trous noirs dans ma mémoire visuelle pourtant encyclopédique sont pour moi autant de grands moments de solitude, aussi sombres et insondables que les trous noirs dont il me semble vous avoir parlé ci-dessus. Le terme « confondre » recouvrant autant d’acceptations que de tournis dans ma tête lorsqu’un(e) impromptu(e) me lance: « Eh salut Catherine ».

A moins d’avoir pour vocation de bosser comme physionomiste dans un bar branchouille ou de mélanger torchons, serviettes, ménage et Minaj, sachez que la prosopagnosie n’est pas une tare et aide à créer du lien social.
C’est d’ailleurs, je crois, mon unique point commun avec Brad Pitt.

Si l’un(e) d’entre vous a été l’objet de ma non reconnaissance faciale, en contexte festif ou autre (caisse du supermarché, salle d’attente du dentiste, dans le métro quand je perds mes Dim-Up Evelyne Thomass), rassurez-vous. Vous n'êtes pas seul(e)s.
De même, j’ai un soir tapé une grande claque dans le dos de Vanessa P., lui glissant à l'oreille que ce mec sur scène à l’AB, c’est de la testostérone poétique sur pieds avec le poil gras. Confondu en anglais un photographe belge de renom avec le chanteur d’Herman Düne. Bu des verres au bar avec un Jamaïcain du nom de Marley dont j’ai carrément zappé le prénom.
Gênant? Que nenni! Ne nous confondons pas en excuses, trouvons plutôt des solutions.

Je vous distille donc ici, dans le désordre, quelques conseils pour sortir la tête haute de ces situations virtuellement désobligeantes. En règle générale:

  • Entretenir un air lointain ou blasé, le mettre sur le compte de la myopie
  • Ne jamais se départir de son humour (ravageur) et de sa causticité (légendaire)
  • Faire preuve de créativité en datant le prénom de votre interlocuteur selon son âge (Alain, Ginette?), le style de son tatouage (Clara, Morgane?) et les traces de chirurgie esthétique
  • Citer Jeanne Moreau
  • Jouer la carte du sosie pour esquiver l’attaque: « Catherine C.? Connais pas, ce doit être mon sosie.»
  • Si vous êtes riche, embaucher un physionomiste perso ou acheter des Google Glass
  • Vomir dans le verre de votre vis-à-vis puis mourir
  • Simuler un accident vasculaire cérébral puis mourir


Ce sont de petites choses qui semblent ridicules mais vous éviteront de confondre en public Morgan Freeman et Nelson Mandela, Philippe Catherine et Philippe Katerine, Pete Doherty à Melun et Radio Rectangle avec les programmations molles.

A bientôt Gérard!

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