Mardi gras mortel: mes idées déguisements

C’est Mardi gras ! Il est grand temps de penser à votre déguisement, bande de feignasses. Cette année, pas de prise de tête. Puisque le costume de carnaval constitue un des sommets du mauvais goût vestimentaire à grands renforts de chiffonnette made in China, misons sur le concept glauque et mortifère en célébrant dignement les disparus charismatiques de ces derniers jours.

Un déguisement de la mort qui tue sans trucider ton compte en banque? J’ai imaginé pour toi quelques idées raides dingues chics et pas chères. Pour rendre hommage avec classe et sans frais à nos frais défunts, il te suffira le plus souvent d’exhumer des vêtements et brols enfouis dans ton dressing ou dans le grenier de feu tes vieux parents. Cerise sur le Carnaval de Venise (juste parce que ça rime), ces costumes pourront être habilement recyclés pour Halloween ou pour une soirée retrouvailles d’anciens.

Devinez, devinez, devinez qui je suis. Un indice: je suis mort.

Karl Lagerfeld
Copier le style du maître du style? Chemise blanche et smoking sont à chaparder en douce à ton beau-frère. Ou chez Terre. Pour la coiffure kaiseresque, mixons le Duster Swiffer et la laque de mamy. On aimera parer notre gros cou d’une collerette de tarte au riz parée d’un collier de (fausses) perles, de quelques sautoirs d’inspiration gothique du temps où tu le fus et/ou d’une sangle de sac à dos scout négligemment nouée en lavallière. N’hésitons surtout pas à jouer les superpositions. Accessoiriser avec un cintre (ou une copine trop mince), des lunettes noires, un sourire à l’envers et une chatte en peluche bourrée de billets de mille.

Luke Perry
Définitivement le plus simple à adopter. Sauf si tu te prénommes Dylan, que tu bosses chez Aldi et que tu ressembles à Magnum ou à Derrick dans la vraie vie. Pour le déguisement du ténébreux Dylan McKay, on dit denim sur denim de la tête aux pieds, avec un marcel blanc ou, plus osée, une chemise hawaïenne dénichée chez tonton olé olé voire en friperie. Mention spéciale au Levi’s 501 5 poches pour y ranger un peigne et quelques confettis qui font rire.
Un sproutch de gel sur la houpette, une (fausse) cicatrice au sourcil droit, quelques canettes de bière dans le sac Eastpak: succès assuré auprès de mes copines prépubères dans les 90’s, en deuil de sexyness depuis que le bad boy de Beverly Hills 90210 s’en est allé rejoindre James Dean à l’Est d’Eden.

Keith Flint
Breathe ! Pour rendre hommage à Keith Flint, frontman charismatique et esprit frappeur de Prodigy, on se lâche et on fait la nique aux trop sages Gilles de Binge. Lignes de force de ton déguisement post-mortem: les tatouages, le maquillage et la coiffure. Pour les tatouages, mettons à profit l’âme artistique de nos enfants/neveux/morveux de moins de 5 ans, qui adoreront aussi reproduire sur notre face préalablement talquée le contouring de Kung Fu Panda. Faisons un détour par la salle de bains de la cousine dépressive. Côté cheveux, courage! Ancêtre capillaire de M et de Jacques, la coupe de Keith Flint me rappelle celle de mon grand-père paternel, surnommé « aéroport à mouches ». Mais en vert fluo. N’oublions donc pas de manger un max de chou en ce mardi gras pour ne pas être mangés par les mouches. Pour le reste de la tenue (fringues, piercings et bijoux), on passe chez Monsieur Bricolage ou on ressort notre plus bel outfit BDSM. L’un n’empêchant pas l’autre évidemment. Cela ne me regarde pas.

Après ce pic de créativité carnavalesque, je vous convie par ailleurs avec mon ami Christophe Bourdon à une longue minute de silence pour enterrer un autre talent parti trop tôt. Biloutes sensibles s’abstenir. Parce que quand on vient au carnaval, on braie deux fois. Quand on arrive et quand on se déguise en Freddy Mercury.

Photo: Brian Carney (master) as Keith Flint by ©Luc Gardier