Et non, je ne parlerai pas de concerts, ni de spectacles ou de fêtes annulées. A moins d’être confiné.e depuis 6 mois sur l’île aux Enfants, ça tu saches déjà . Lesdits enfants retrouvent le chemin des écoliers. Les plus grands montrent une certaine nostalgie de la cour de récré. A coups de haches et de tags dans le bac à sable, les nouveaux vengeurs masqués rejoignent la story du « Cancel Culture » Club. 

C’est dans un tribunal fantasque que Boy George entonnait « Do you really want to hurt me ? » en ’82. Que le grand cric me croque sans sel ni poivre si je me mets le doigt plein de chocolat belge dans l’oeil : le tribunal 2.0 remet le couvert, sous couvert, d’une justice à l’ancienne, et gobe en apnée les fruits flambés d’un ostracisme des plus défraîchi.

Orages et désespoirs, pourquoi toutes ces huîtres sans perle et tant de chocolat amer ? Un peu de tout au menu menu : des stars qui font baver les assoiffés, des étoiles jetées sur la toile cirée pas toujours très clean des cotations en ligne, des gommettes sous forme d’émoticones péremptoires partagées à la vitesse d’un (un)like par des « friends » déjà convaincus… On s’enflamme sur la place publique, on entend des voix, on attise le brasier, et ça bout, ça bout, le linge sale, tout rétréci et tout moche. L’un commente, l’autre cote, et le web fait monter la sauce rance du dégoûtant ragoût. 
Y en a un peu plus, je vous le mets quand-même ? 


Warhol nous avait prévenus : on aura toutes et tous un quart d'heure de gloire sur le web, et on sera toutes et tous un jour, forcément, « cancelled », annulé·es, boycotté.es, pour un propos, une photo, un oui, un non, une rumeur ou un acte. Next !


Si dans le fond, le cancelling part d'une bonne intention, la vindicte populaire 2020 soulève pourtant pas mal de questions. 

La cancel culture est-elle utile ?
Cet acharnement a-t-il une valeur un tant soit peu pédagogique pour ses victimes ou pour ses protagonistes ? Peut-on convaincre par la peur ?
Le lynchage online procure-t-il à ses acteurs autre chose qu'une éphémère cathartis, soulageant littéralement une frustration ou de légitimes souffrances ?
Et quid du droit à l’oubli ? Avec le cancelling, pas de prescription : tes vieilles casseroles remontent un jour à la surface et c’est toi qui bois le bouillon.


Sauf que. Perso, je ne suis pas un monolithe, encore moins un package clé en main. A dix ans, j’étais raide dingue des Rubettes (surtout le batteur). Plus tôt, j’arborais fièrement mes déguisements de bals masqués confectionnés par ma maman. Mignons mais so stéréotypés, mes costumes de petite Chinoise ou de Hawaïenne trop bronzée. L’insouciance de mes six printemps n’avait pas conscience de ce qui me met aujourd’hui très mal à l’aise. Pour les Rubettes, j’assume à mort, puis l’épidémie revival kitsch me met à l’abris du shaming musical pour quelques mois encore. 

Et ho, hé, hein, bon. Les individus « cancellés » sont-ils contagieux et porteurs de guigne ad vitam ? Seras-tu encore mon ami si les Internets rappellent demain à ton bon souvenir que je suis fan des Rubettes, que je bave devant un onglet à l’échalote et que j’ai un jour, oui oui, fait la Une d’un magazine olé olé ? 

Et si on annulait le lundi ?
« Give me time To realise my crime » (Culture Club)
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