​ Il était une fois : des confitures en cabane

// 05/06/2020

Par Catherine Colard

De mon enfance, je me souviens d’histoires mignonnettes sur fond bien glauque. Des contes cannibales enrobés de sucre impalpable. Où il était question de résidences secondaires avec des nains des jardin, de longs sommeils dans un donjon figé et de grands méchants loups qui soufflent sur nos vies et nos cabanes. Il était une fois… Qui est in ? Qui est out ?


Il était une autre fois un virus prédateur aux assauts mortifères. Coiffé de sa petite couronne, tralalalalère, ce salaud rôde par monts et par vaux. Une longue fée un peu foireuse nous avait même jeté un sort pour nous en protéger : « Restez cloîtrés dans vos pénates et aucun mal ne vous sera fait ! » Les loups, les ogres et autres pangolins pouvaient bien hurler à nos portes, ils n’entreraient pas. Même pas peur. C’était donc plutôt rassurant, un peu comme une potion homéopathique ou une chanson de Francis Cabrel.

Tous à la même enseigne !
Je me suis plu, je l’avoue, à me draper dans un retrait princier, telle une Belle au Bois Dormant ou une Blanche-Neige. Comme certains petits cochons de mes amis, je pensais avoir réussi mon confinement haut la main désinfectée en me créant une sorte de mini-confinement choisi dans le confinement. J’ai adoré panifier avec Hansel & Gretel, planifier avec détachement, jardiner avec les elfes, faire des rêves tantriques avec le chercheur en épidémiologie Marius Gilbert et jouer les Robinson dans MA cabane SANS les 7 nains. 



« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! »

("Le Lac", Lamartine, extrait)

Cétait, hélas, compter sans le dé-con-fi-ne-ment.
Les 12 coups de minuit ont sonné et le réveil est brutal pour la Belle au Bois Dormant. C’est la fin du magique sortilège domestique. Une autre réalité prend soudain le dessus. Ouste ! Le Petit Chaperon Rouge et le non moins petit Poucet doivent ressortir dans l’hostile forêt pour l’argent du beurre et quelques confitures. Quitter le refuge douillet, l’abri rassurant, l’enveloppe originelle, se frotter à l’émeri du cours du monde. Maison de pierre ou hutte en paille, les cloisons tombent et les contes sont défaits. 



Si toi aussi tu frémis à la lecture de ce nouveau scénario plus traumatisant que le virus, c’est que, toi aussi, tu es frappé de plein fouet par le syndrome de la cabane.


Blanche-Neige aura-t-elle envie de se réveiller sous les baisers baveux d’un prince peu soucieux des règles sanitaires ?
Le Petit Chaperon Rouge a-t-il gardé son âme d’enfant ?
La Cigale et la Fourmi vont-elles se cracher à la gueule via une appli de tracing ?

Sur Radio Rectangle, on vous raconte d’autres merveilleuses histoires. Notre cabane rectangulaire ne sera jamais sous cloche. Nos princes et princesses vivent heureux et accouchent de nombreux petits podcasts.

Viens ! Ici, ni masques ni bulletins de santé. Juste des casques et des claques auditives.



Alors, on s’écoute chez toi ou chez moi ? J'enfile ma pantoufle de vair.

Illustration Blanche-Neige : Benjamin Schoos

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