Devenir gris(e)

// 03/02/2021

Par Catherine Colard

Comme Peau d’Ane, j’avais demandé une robe couleur du temps. Et bim, j’ai reçu des cheveux gris ! C’est embêtant. Pourtant c’est dingue, ce grand vent de liberté un rien nostalgique qui souffle ce soir dans ma tête. Ça me rendrait presque insolente de certitudes. Un peu comme si j’avais transgressé un tabou. Belle et rebelle, moi ?

Longtemps, je me suis couchée de bonne heure pour écouter ma radio à piles sous couvertures orangées. Gamine, j'imaginais Dalida mettant de l’or dans ses cheveux dans un long long long couloir de la radio avec Dave, Véronique, Joe, Françoise, Christophe et Julien, toujours de mèche pour chanter rien que pour moi.

Depuis presque un an maintenant, j’ai enfin décrypté in vivo cette hallucination auditive dalidesque. De l'or, de l'ordre, j'attendrai. J’ai opté pour des mèches d’argent afin de me rebeller cash contre une image étroite et normative du tif féminin.

Au début, je n’avais pas trop le choix, à vrai dire. Puis j’ai choisi de garder la tête hors de la colo. Devenir un cluster capillaire à moi toute seule en allant semer mes miasmes jusque chez mon coiffeur chéri ? Tu hors de ma vue !

Après quelques mois de confinement esthétique, ma métamorphose s’avérait aussi visible qu’intérieure. J'suis tombée love de moi. Telle une Patricia Kaas qui ne chanterait plus le blues, je suis entrée dans la lumière comme un insecte fou. Autant que le blond Norma Jeane Baker, la mèche blanche prend super bien la light des spots. Re-tu hors de ma vue l’idée que je suis dingue et que je ruine mes dernières chances de trouver l’amour, fût-il charnel. Tant qu’il est propre et sans pellicule. 



Futile, moi ? On s'en fout. Je ne suis certes pas la première ni la dernière à casser les codes perruquiers. Coucou Sophie Fontanel et Wanda, Michel Blanc et Jack White ! Liberté, tolérance, franchise, retrouver les gestes gracieux de ma grand-mère Jeanne dans le miroir : mes racines blanches dans le miroir font de moi mon égérie. Je m’adore ça.

Au salon Radio Rectangle, l’équipe permanente ne se crêpe pas le chignon. On assume la coupe au carré un peu foireuse et les mélanges de cooleurs, même si on adore couper les cheveux en quatre et friser le tour d’oreilles au poil. Ma tête à raser que vous n’êtes pas que trois pelés et un tondu un peu gris à écouter nos podcasts à la pointe sans seveu sur la langue.

LOVE infini à mon coiffeur, partenaire particulier qui me manque tant, han han. Et à TOUS les artistes (évidemment) de contact, merveilleuses lentilles perdues de vue dans cet odieux bouillon sans culture.


Photo ©Christophe Dehousse, légèrement retouchée et recadrée ;-)

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