J’sais pas quoi faire

// 25/10/2020

Par Catherine Colard

« Qu’est-ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire.. » Une réplique sans prétentions, mais culte, gravée sur la pellicule de Godart, improvisée par Anna Karina sur un rivage du Midi. Et qui résonne, alors que la « nouvelle vague » flue et reflue et nous laisse échoués sur la jetée de la lassitude. Faire bande à part, une fois encore, comme de bons petits soldats ? OK. Mais trompons l’ennui en bonne compagnie.


Ce blagueur de Jean-Luc Godard choisissait généralement le titre de son prochain film avant de savoir à quoi il ressemblerait. Deuxième ou Seconde Vague ? Nouvelle Vague ou Tsunami mon Amour ? New-confinés ou déconfinés reconfinés ? Peu importe l’affiche, le scénario nouvelle vague so octobre 2020 était tellement prévisible.


Oh, et quelle ironie quand on se souvient que les jeunes gens de la Nouvelle Vague aspiraient à une vie libre et sans conventions ! Mais ce n’était que du cinéma. Ici et maintenant, l’amour à vingt ans et les baisers volés ont comme un goût de trop peu. Zazie n’a pas intérêt à louper le dernier métro - les carabiniers veillent - et l’enfant sauvage fera les quatre cents coups sur les réseaux sociaux.
Jules et Jim
en solo, à double tour pour que la bête meure, c’est désormais les choses de la vie. Basta l’amour l’après-midi pour les amants, adios le week-end avec Pauline à la plage, so long ta nuit chez Maud et la peau douce du genou de Claire ou de Cléo de 22 à 6. Belle de jour fait la maman et la putain en télétravail au domicile conjugal.
Le mépris a tiré sur le pianiste. Il lui faudra vivre sa vie dans l’ascenseur émotionnel pour l’échafaud en attendant son concert à Marienbad. Reporté à l'année prochaine. Ou annulé. Ou cramé à Fahrenheit 451.
Saloperie de Chinoise collectionneuse de mariées en noir !

Mais cette dystopie dégueulasse n’est plus, bordel, de la science-fiction. S’aimer les uns les autres, c’est se protéger les uns les autres. Je suis beaucoup moins fan de se protéger les uns des autres.


« Qu'est-ce que c'est, dégueulasse ? » (Jean Seberg dans A bout de souffle)
Et si le plus dégueulasse, c’était l’amour en fuite ?

Lueur radiophonique dans cette vraie/fausse nuit américaine mise en abîme : dans tes appartements, y a toujours une étoile qui luit. Jamais à bout de souffle (prions le beau cierge), la rédac de Radio Rectangle t’offre la BO de ta semaine. 
Deux ou trois choses que je sais d’elle : un certain regard en voix off sur la vivacité des artistes qu’on aime, des podcasts en plan-séquence 24/7 et des rencontres du troisième type. Moteur !

Photo ©Georges Pierre

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