Le temps qui fait, le temps qui le fera

Nous sommes donc en décembre. Les journées rétrécissent dans la machine du temps qui passe et je m’aperçois que nous sommes déjà lundi.

Journées plus courtes mais jours sans fin, jours de grève, jours fériés et jours de fête, dimanches ouvrés ou pas, shoppings nocturnes et autres ponts temporels...

Comme c’est étrange. Ma notion du temps semble bel et bien s’être égarée entre les cases d’un semainier qui s’offre de nouvelles temporalités. Mon agenda s’émancipe, et même si les prochaines semaines ne seront pas du genre quatre jeudis, ce n'est pas si désagréable.

Il semblerait même que ces périodes hybrides de paresse hivernale soient propices à l’imagination. Comme le prouveront peut-être ces étudiants en littérature de l’Université de Pennsylvanie, qui devront surfer sur le Web sans but précis lors d'un cours hebdomadaire intitulé « Perdre son temps sur Internet ». Selon leur professeur, Kenneth Goldsmith, baguenauder sur la Toile aiderait en effet à se rapprocher de cet état de flottement mental favorable à création libérée.

« Prendre son temps »
« Passer le temps »
« Perdre son temps »
« Temps libre »

En voilà pourtant de drôles d’expressions. Le reste du temps serait-il alors du temps non libre? Prendre son temps, serait-ce le perdre? Et peut-on perdre ce qui, par essence, n’a de cesse que de s'écouler?

Et si on choisissait au plus vite de vivre lentement pour réhabiliter le rêve et l’ennui créatifs ?

Installez-vous. Arrêtez le temps, le temps d’une... programmation rectangulaire hors du temps et sans temps morts.

Et puis surtout, soir ou matin, midi ou minuit, ne cédons pas à l'impatience d'avoir fini avant d'avoir commencé.